Eglises d'Asie

En adaptant la liturgie, la théologie et la spiritualité aux valeurs des cultures minoritaires, l’Eglise catholique doit faire preuve de respect à l’égard de celles-ci

Publié le 18/03/2010




Quelque cinquante évêques, théologiens, spécialistes de la pastorale, anthropologues et indianistes ont participé, du 11 au 13 mars, à une consultation organisée à Bangalore par la Conférence des évêques ca-tholiques pour y discuter de l’inculturation au sein des minorités ethniques. Tous les domaines concernés par celle-ci, à savoir la liturgie, la théologie et la spiritualité, ont fait l’objet des débats de l’assemblée.

Les tentatives actuelles de certains groupes pour absorber les cultures particulières à l’intérieur d’une uni-que culture indienne ont été à l’arrière-plan des discussions de l’assemblée et ont occupé l’esprit de tous les participants. “Le fondamentalisme religieux constitue une grande menace pour les cultures autochto-nes de l’Inde”, a fait remarquer le communiqué final. Les nationalistes hindous qui prétendent que la cul-ture de l’Inde est uniquement hindoue suppriment toute une palette de différences culturelles. Au contrai-re, les participants de la consultation se sont appliqués à mettre en valeur la réalité multiculturelle de l’In-de, constituée par les identités distinctes des diverses minorités et des populations de basse caste. Les da-lits, a-t-il été dit, ont hérité de la riche culture datant de l’époque de la civilisation de la vallée de l’In-dus (1). Malheureusement, la caste de brahmanes se l’est peu à peu appropriée et l’a finalement assimilée.

Face à cette réalité, les participants ont tracé une esquisse de ce que devait être l’attitude de l’Eglise dans le contexte actuel. Avant même d’engager une quelconque entreprise d’adaptation, les agents de pastorale doivent prendre conscience que les Indiens sont marqués par diverses identités culturelles fondées sur la religion, la langue, l’ethnie ou la caste. Ils doivent en accepter et en respecter les éléments positifs. Par la suite, il est nécessaire qu’ils se sentent responsables de l’existence de ces cultures. Quant au processus d’inculturation, il ne devrait pas être le résultat d’un effort conscient, mais d’un mouvement spontané dont la source devrait se trouver dans la population. Ainsi, il a été recommandé de privilégier les liturgies prenant leur inspiration au plus profond de la culture populaire, plutôt que celles qui sont placées sous la direction d’un clergé aimant le bel et digne ordonnancement des cérémonies du culte.

Le communiqué final a tracé un portrait général des valeurs culturelles révérées dans les ethnies minoritai-res et les basses castes et que l’Eglise doit soigneusement préserver. Il a relevé le sens de la solidarité allié à celui de l’action collective et à la croyance à un Etre suprême. Le sens de l’écologie, le respect de l’har-monie et de l’équilibre entre les êtres humains, la nature et le monde spirituel sont également des traits prégnants des diverses cultures minoritaires. Cependant, leur caractéristique la plus distinctive est l’atten-tion portée à la dimension spirituelle de l’homme et du monde. Ce sont des cultures, a-t-il été dit, qui ne séparent pas le sacré du profane. Une inculturation authentique devra tenir compte de tous ces aspects.

Diverses directives pratiques ont été données aux chrétiens, destinées à protéger toutes les cultures minoritaires de l’Inde. L’éducation et la formation des personnes, le militantisme politique ont été proposés comme des moyens efficaces de préserver l’identité des diverses minorités indiennes. La communauté de vie et les mariages inter-castes devraient, selon le communiqué, favoriser l’union de tous. Enfin, le communiqué a souligné la profonde influence des traditions religieuses sur les diverses cultures. En adoptant certains symboles culturels pour sa liturgie, l’Eglise devrait se garder d’offenser les sentiments des personnes d’autres religions.