Eglises d'Asie

Kerala : les fondamentalistes hindous s’opposent à la nomination d’un catholique au poste de conservateur des lieux de culte à caractère historique

Publié le 18/03/2010




Une récente décision du gouvernement de l’Etat du Kerala vient de relancer une querelle ancienne concernant l’interdiction faite aux non-hindous de pénétrer à l’intérieur d’un certain nombre de temples hindous de cet Etat. Un catholique, Mohan Abraham, vient en effet d’être nommé conservateur principal aux services archéologiques et, à ce titre, chargé de l’inspection et de la restauration des édifices religieux de caractère historique, quel que soit le culte qui y est pratiqué.

Le Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP), groupe fondamentaliste hindou, a qualifié cette nomination d’humiliation choquante infligée au sentiment religieux de tous. Qu’un chrétien soit chargé du contrôle des coins et des recoins d’un temple hindou est une insulte pour la religion hindoue, a déclaré un des dirigeants du VHP. Une campagne de signatures a été organisée par l’association hindouiste qui demande au gouvernement de revenir sur la nomination de Mohan Abraham.

Les protestations du groupe extrémiste soulèvent à nouveau et enveniment un problème brûlant de l’Etat du Kerala. Au mois de septembre dernier, à la suite de la célébration dans un temple hindou d’un mariage dont l’un des conjoints avait une mère catholique, le prêtre hindou responsable du lieu de culte avait organisé une cérémonie de purification, prétextant que la partie non hindoue du couple avait profané les lieux. L’affaire avait fait d’autant plus de bruit que le père du marié était un ancien ministre du Kerala ayant épousé une catholique. Une plainte avait été déposée à cette occasion par le juriste William John qui demandait que l’entrée des temples hindous soit autorisée aux non-hindous. La Haute Cour du Kerala avait, le 14 décembre 2000, rejeté la demande du juriste (1). Dans les attendus de la sentence, on pouvait lire que les temples hindous étaient à l’unique disposition des fidèles hindous.

Cette décision de la haute cour a servi d’argument aux prêtres hindous qui déclarent illégale la nomination d’un chrétien au poste de responsable de la restauration des lieux de culte, fonction qui permet à celui qui l’exerce de pénétrer dans n’importe quel édifice religieux, même sans la permission des autorités religieuses qui le desservent. D’autres groupes hindouistes comme le Hindu Sevak Samiti, voyant dans cette nomination un fâcheux précédent, ont également demandé le remplacement du catholique au poste de conservateur par un adepte de la religion hindoue.

La campagne menée contre lui par les groupes fondamentalistes hindous a profondément choqué le catholique nommé à ce poste. Il a fait savoir qu’en tant que fonctionnaire, il se faisait un devoir de manifester un égal respect pour tous les lieux de culte. Il a ajouté que son rôle ne se limitait pas à la restauration des édifices religieux de l’hindouisme, mais s’étendait aux lieux de culte de toutes les religions. Que ce soit un temple, une église ou une mosquée, le service archéologique auquel il appartient, a-t-il souligné, a toujours pris soin de ne jamais heurter le sentiment religieux des fidèles.