Eglises d'Asie

L’archidiocèse de Manille prépare sa partition en plusieurs nouveaux diocèses

Publié le 18/03/2010




Un plan pour diviser l’immense archidiocèse de Manille en plusieurs diocèses plus petits afin d’aider l’Eglise catholique à mieux gérer la pastorale des fidèles a déclenché une grande effervescence parmi les évêques et les prêtres. Le mouvement a débuté il y a un peu plus de deux ans lorsque le cardinal Jaime Sin, approchant des 75 ans, a commencé à préparer sa succession. Alors qu’on attendait l’annonce officielle du Vatican de la création de nouveaux diocèses et de nouveaux évêques, quelques responsables, sous le couvert de l’anonymat, ont révélé quelques détails sur les partitions envisagées. Auparavant, à en croire un prêtre de Manille, le cardinal avait demandé au Vatican la création de deux nouveaux diocèses qui seraient pris sur l’archidiocèse de Manille et les diocèses adjacents, Malolos et Bulacan au nord, Imus et Cavite au sud. “Mais ce fut une surprise quand le Vatican, non seulement approuva la proposition, mais fit savoir qu’il pensait plutôt à cinq, voire six diocèses au total pour Manille”, explique ce même prêtre. Pour finir, en plus du diocèse de Manille-Centre et des deux nouveaux diocèses évoqués par le cardinal Sin, un autre diocèse comprendrait Quezon au nord et Pasig à l’est ; un cinquième, autour de la ville de Caloocan, serait formé de la partie nord de l’archidiocèse, le sixième étant constitué autour de Paranaque au sud de Manille.

Selon un prêtre de l’archidiocèse, les propositions du Vatican ont été débattues au cours du conseil presbytéral du 14 mars ainsi que le 15 au cours de la rencontre des responsables de secteurs ; lors de différents rencontres avec les diocèses voisins, ont été débattues des questions de frontières, des processus de transition et des infrastructures. Au total, un plan serait bientôt dressé qui demanderait une année pour être mis en œuvre. Toujours d’après ce responsable, on se fait beaucoup de soucis à propos de la nomination des prêtres, de l’aménagement du séminaire, de la faculté, des bureaux diocésains et de “la répartition des ressources”. Depuis que le cardinal Sin a été nommé à la tête de l’archidiocèse de Manille en 1974, le diocèse a en effet mis sur pied en faveur de ses prêtres un des systèmes de santé et de retraite les plus avantageux du pays. D’autres responsables ont souligné l’impérieuse nécessité de préparer psychologiquement les prêtres et les fidèles à cette division de l’archidiocèse. “Nous sommes un diocèse où les fidèles sont attachés à ‘leur archidiocèse’ et à leur cardinal, le cardinal Sin. Les prêtres vont subitement être séparés de leurs confrères de toujours”, souligne un des responsables de l’archidiocèse, qui ajoute que le vaste réseau des secteurs dans l’archidiocèse offre une possibilité pratique de transition et une infrastructure toute prête pour les nouveaux diocèses.

“Avec la décentralisation, dans chacun des nouveaux diocèses, il sera plus aisé d’assurer une meilleure formation dans le domaine de la foi et spécialement dans le domaine des vocations au sacerdoce”, poursuit ce même responsable. Manille est “trop vaste » avec plus de 10 millions de catholiques, comparée à la plupart des diocèses de par le monde qui n’ont, tout au plus, que 2 millions de fidèles. Ce prêtre, important responsable diocésain, croit qu’un diocèse plus petit avec un évêque résidant serait “un stimulant pour une nouvelle évangélisation et pour la vie chrétienne, mieux qu’un territoire trop vaste, facteur d’aliénation”. Un découpage en territoires plus petits donnerait plus de responsabilités aux fidèles ; il en irait de même pour les évêques qui ne seraient plus seulement des auxiliaires. Sur les cinq évêques auxiliaires de l’archidiocèse de Manille, un a démissionné il y a neuf ans alors qu’un autre est malade depuis des années. Mgr Crisostomo Yalung et Mgr Jesse Marcado ont moins de 50 ans tandis que Mgr Teodoro Bacani, qui est auxiliaire de l’archevêque de Manille depuis 17 ans, est âgé de 61 ans.

Dans le milieu ecclésial de Manille, les propositions du Vatican sont vues comme “le couronnement du ministère pastoral du cardinal” plutôt que comme un mouvement du suspicion du Saint-Siège à l’égard d’une Eglise dont les pouvoirs et les engagements politiques sont jugés excessifs par certains. Manille est une mégalopole formée de 15 villes dont la population totale est estimée entre 10 et 13 millions d’habitants. Le diocèse a été créé le 6 février 1579 et élevé au rang d’archidiocèse 16 ans plus tard. Selon, l’annuaire du diocèse pour l’année 2000, Manille compte 365 prêtres diocésains, 175 prêtres venus d’autres diocèses et 917 prêtres appartenant à des ordres religieux. Les deux-tiers des 268 paroisses de l’archidiocèse ont des prêtres diocésains comme curés.