Eglises d'Asie

Les autorités du sultanat confirment détenir trois de leurs citoyens, dont un ancien haut responsable de la police, accusés de chercher à convertir des musulmans au christianisme

Publié le 18/03/2010




Réagissant à des informations publiées à l’étranger, les autorités du sultanat de Brunei ont confirmé détenir depuis la fin de l’année dernière trois de leurs ressortissants accusés de chercher à convertir des musulmans au christianisme. Selon le Bureau de la sécurité intérieure de Brunei, vingt-cinq personnes ont été entendues, interrogées puis relâchées ; trois autres sont cependant toujours détenues, “leur détention étant renouvelée périodiquement”. Il s’agit de Fredie Chong Abdullah, haut fonctionnaire retraité de la police, et de Malai Taufick et Yunus Murang, deux hommes d’affaires locaux. Selon le Bureau de la sécurité intérieure, qui mène depuis la fin de l’an dernier une campagne contre les agissements de divers groupes chrétiens sur le territoire du sultanat, ces trois hommes se sont rendus coupables d’activités “visant à détourner de leur croyance des musulmans, en usant de moyens détournés”. Ces activités, poursuivent les autorités de Brunei, “sont considérées comme une violation directe des lois et des principes de la Constitution et mettent en danger l’harmonie religieuse du pays”. Brunei est enclavé dans la Malaisie orientale, située sur l’île de Bornéo.

Selon les autorités de Brunei, deux des trois hommes auraient admis être des musulmans convertis au christianisme et avoir caché leur nouvelle identité chrétienne, menant “une double vie” afin d’attirer plus facilement à eux des musulmans. Selon des sources non officielles, l’un des trois hommes, Malai Taufick, se serait vu offrir une remise en liberté immédiate s’il revenait à l’islam. Par ailleurs, sur les vingt-cinq personnes entendues par la police, treize sont de confession musulmane, les douze autres étant chrétiennes (dix d’entre elles appartiennent à l’Eglise évangélique de Bornéo, une communauté protestante qui n’a pas d’existence légale à Brunei mais qui, fondée en 1959, est active dans les Etats malaisiens voisins de Sarawak et de Sabah). Selon la police du sultanat, ce groupe chrétien a bénéficié du soutien d’étrangers qui l’ont aidé à introduire à Brunei du “matériel de propagande”. “Les activités de ce groupe pourraient mettre en péril l’harmonie religieuse et la stabilité de Brunei car elles étaient dirigées contre certains secteurs musulmans du pays”, ont encore déclaré les autorités de Brunei.

Selon les lois de Brunei, la conversion de tout musulman à une autre religion est formellement interdite (1). Peuplée de près de 350 000 habitants, Brunei est une enclave de prospérité dont la richesse est assise sur l’extraction du pétrole et les revenus des capitaux placés à l’étranger. Le sultanat est peuplé à 69 % de Malais (presque tous musulmans), à 20 % de Chinois (majoritairement bouddhistes, chrétiens dans une faible proportion, ils n’ont pas accès à la citoyenneté du sultanat) et à 12 % d’autochtones. Les catholiques sont au nombre de 6 000 environ (Chinois, Dusuns et Ibans), sans compter ceux qui, au sein de la main d’œuvre immigrée – philippine en particulier –, appartiennent aussi à l’Eglise catholique. Depuis la fin de 1997, l’Eglise catholique à Brunei est organisée en une préfecture apostolique, dirigée par Mgr Cornelius Sim depuis février 1998 (2).