Eglises d'Asie

De nouveaux règlements destinés à l’Eglise syro-malabar mettent un terme à une sévérité excessive dans l’administration des sacrements et la célébration des funérailles

Publié le 18/03/2010




Les collaborateurs du cardinal Varkey Vithayathil, archevêque majeur de l’Eglise syro-malabar, viennent d’annoncer la mise en application de nouveaux statuts, signés le 31 mars dernier. Remplaçant d’anciens statuts qui dataient de 1989, ils sont destinés à donner un nouvelle jeunesse à l’Eglise de rite oriental. Aussi bien l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly où les nouveaux règlements s’appliqueront à partir du 1er mai, que le P. Jose Chiramel, secrétaire du Comité ayant mis au point le projet des nouveaux statuts, ont exprimé leur satisfaction devant le changement radical que ces nouvelles directives allaient introduire dans la pastorale et dans l’administration du diocèse. “Elles permettront, a dit le P. Jose Chiramel, de mettre les domaines spirituels, juridiques et administratifs de l’Eglise en accord avec les changements de notre temps”. Selon un prêtre du diocèse, le contenu des nouveaux statuts, fondés sur les enseignements de Vatican II et le Code 1990 des canons des Eglises orientales, est un harmonieux mélange de spiritualité et de droit.

Les dispositions qui ont été sans doute les plus appréciées sont celles qui concernent l’administration des sacrements ainsi que la célébration des rites des funérailles. Elles marquent un véritable changement d’attitude des ministres de l’Eglise à l’égard des fidèles. Il est souvent arrivé, en divers diocèses, que les sacrements soient refusés aux fidèles pour des raisons totalement futiles. Certaines familles ont été exclues des sacrements pour la simple raison qu’elles avaient négligé de s’acquitter d’une contribution mensuelle due à la paroisse. Des cas encore plus délicats se sont présentés qui ont provoqué de très sérieuses controverses. Une paroisse du diocèse de Palai a, l’année dernière, exclu provisoirement des sacrements deux familles catholiques qui avaient permis le mariage de leurs enfants avec des chrétiens d’Eglises différentes. L’évêque du lieu, Mgr Joseph Pallikaparampil, appelé à trancher, avait déclaré que cette décision était strictement conforme à la loi.

Un même arbitraire a pu régner dans le domaine des funérailles. C’était une tradition dans les diocèses de l’Eglise syro-malabar que de refuser les funérailles religieuses aux personnes qui s’étaient suicidées ou encore à celles qui s’étaient rendu coupables d’un péché public et n’avaient donné aucun signe de repentance. En 1996, dans le diocèse syro-malabar de Palai, la famille d’un homme politique connu se vit refuser l’enterrement à l’Eglise pour son parent pour le simple motif que celui-ci ne s’était pas confessé dans sa paroisse pendant plusieurs années. Les parents attaquèrent en justice l’évêque du diocèse et le curé de la paroisse pour avoir été la source de souffrance psychique et de perte de réputation. Le tribunal ordonna aux ecclésiastiques de s’acquitter d’une indemnité à l’égard de la famille (cependant, cette sentence fut cassée plus tard par la Haute Cour du Kerala).

Répondant à une demande persistante des fidèles, les nouveaux règlements ont largement atténué la sévérité des anciennes règles en matière d’administration de sacrements. Ils interdisent le refus des sacrements pour des motifs insignifiants. Ils ne prévoient de refus de funérailles religieuses que pour les personnes s’étant ouvertement opposées à l’Eglise. Ils prévoient la création d’un tribunal diocésain destiné à régler les questions intra-ecclésiales. Ils appellent aussi à plus de transparence et de justice dans le domaine financier. Les dirigeants de l’Eglise syro-malabar encouragent les autres diocèses de l’Eglise syro-malabar à s’inspirer de l’exemple de l’archidiocèse d’Ernakulan-Angamaly, seul diocèse où les nouveaux statuts sont en vigueur.