Eglises d'Asie

Des militants des droits de l’homme réclament l’interdiction de la prostitution pratiquée dans certains temples hindous du sud de l’Inde

Publié le 18/03/2010




Une forme de prostitution à peine déguisée est encore en usage aujourd’hui dans de nombreux temples hindous du sud de l’Inde. Des jeunes filles, appelées “jogins” ou “devdasis”, sont attirées par les prêtres dans les temples, à leurs dires, pour servir de compagnes aux dieux, en fait, pour la récréation sexuelle de riches paysans, commerçants ou politiciens de la région. Selon le correspondant en Inde du South China Morning Post, comme c’était l’usage autrefois, une nouvelle recrue d’un temple de l’Andhra Pradesh, Arundhuti Kulari, 28 ans, a été le mois dernier promenée en char à bœufs dans toute la ville de Palepally et exposée à la vue de tous comme pour une espèce de présentation.

Des militants des droits de l’homme, horrifiés par cette indécente parade publique de la dernière recrue de la troupe de prostituées du temple, ont demandé l’interdiction immédiate de cette pratique qui consiste à attirer de pauvres femmes dans des centres religieux pour la satisfaction sexuelle d’habitants riches et puissants de la région qui, par la même occasion, remplissent les coffres du temple de leurs généreuses contributions financières. Avec la dernière jeune fille embauchée, le nombre de prostituées sacrées du temple de Palepally, dédiée à la divinité hindoue Hanuman, représentée sous l’apparence d’un singe au visage vaguement humanisé, atteindra le chiffre de 32. Selon certains rapports d’experts, le nombre total de jogins en activité dans les temples de cet Etat du sud de l’Inde serait de plusieurs milliers. On retrouve cette même forme de prostitution dans l’Etat voisin du Karnataka. Cédant à une pression venant de divers milieux, le gouvernement de l’Etat vient de décider d’accorder une pension aux jogins âgées, vivant dans le dénuement.

Jusqu’au XIXe siècle, beaucoup de temples hindous du sud de l’Inde étaient également des centres de musique et de danse. Des fidèles de sexe féminin venaient chanter et danser dans leurs cours pour la distraction des divinités. Cette tradition religieuse donna l’occasion de se distinguer à de nombreux artistes et poètes. Mais avec le temps, les femmes appartenant aux bonnes familles de la région ont cessé de venir chanter et danser dans les temples. Pour remplir ce vide, les prêtres ont commencé à aller recruter des jeunes filles dans les familles pauvres pour perpétuer cette tradition propre aux temples. Ainsi, peu à peu, la coutume a dégénéré et s’est transformée en prostitution.