Eglises d'Asie

L’Education nationale approuve un manuel d’histoire destiné aux lycéens et très controversé dans toute l’Asie

Publié le 18/03/2010




Au risque d’exaspérer ses voisins, le Japon vient d’approuver le 3 avril, un manuel d’histoire destiné aux lycéens et écrit pas des historiens nationalistes accusés de vouloir cacher les agressions commises par le Japon pendant la guerre (1). Le ministère de l’Education a approuvé l’avant-projet sélectionné par un groupe d’experts du ministère qui avaient recommandé la correction de 137 paragraphes sujets à controverse et qui avaient été réécrits. Pourtant d’autres passages comme celui où, par exemple, les troupes japonaises sont qualifiées de “vaillantes”, étaient maintenus. Les manuels japonais d’histoire, qui sont régulièrement mis à jour suivant un système de sélection propre au ministère de l’Education, suscitent toujours de très vifs débats aussi bien au Japon que dans les pays d’Asie envahis par le Japon durant la première moitié du XXe siècle. La Chine et les deux Corée viennent d’éreinter ce dernier avant-projet, du moins les parties divulguées dans les médias.

Yasuo Fukuda, porte-parole du gouvernement japonais, cependant, a tenu à déclarer que ce manuel ne reflétait pas la position officielle de Tôkyô. “Les perspectives et les conceptions historiques que l’on trouve dans cet avant-projet ne sauraient être assimilées comme étant celles du gouvernement japonais”, a-t-il déclaré. “Le Japon souhaite promouvoir une entente mutuelle et vraie avec ses voisins et contribuer à la paix et à la prospérité non seulement en Asie mais dans le reste du monde”, a-t-il ajouté.

Les médias japonais qui ont pu prendre connaissance des parties divulguées ont déclaré que les 35 années d’occupation de la péninsule coréenne y étaient décrites comme un acte mené dans le respect des lois internationales et que le massacre de Nankin “n’était en rien comparable à l’Holocauste”. Suite aux recommandations des experts mandés par le ministère de l’Education, cette section a donc été réécrite, l’annexion de la Corée reconnue comme un coup de force contre le peuple coréen et le sac de Nankin admis comme tel. Selon les Chinois, 300 000 civils y auraient été massacrés en décembre 1937. Ce nouveau manuel d’histoire devrait être mis en circulation en avril 2002.

Le 4 avril, le ministre des Affaires étrangères, Yohei Kono, a déclaré devant le comité des Affaires étrangères de la Chambre des députés que “les procédures de révision étant terminées, rien ne pourrait être dorénavant changé au projet”, ajoutant « qu’il n’y avait plus, même pour un ministre, la possibilité de changer quoi que ce soit”. Les réactions de la Chine et de la Corée du Sud ont été très vives. A Pékin, le ministère des Affaires étrangères chinois a convoqué l’ambassadeur du Japon : “Ce manuel heurte la sensibilité du peuple chinois et contrarie les bonnes relations entre nos deux pays. Il déforme la vérité historique et la glorification par le Japon des guerres d’agression reste inchangée”. Même protestation du côté coréen où a été rappelé que, sous l’occupation nippone, la langue japonaise et la promesse de fidélité à l’empereur du Japon étaient obligatoires pour tous les Coréens.