Eglises d'Asie – Taiwan
Des catholiques veulent aider les aborigènes à recouvrer leurs droits de chasse
Publié le 18/03/2010
La chasse dans les parcs nationaux et les réserves naturelles a été interdite depuis l’adoption d’une politique de conservation de l’habitat et de la nature en 1983. Six parcs nationaux et vingt réserves naturelles ont été créés entre 1984 et 1995. La loi taiwanaise sur la chasse, inspirée de celles en vigueur aux Etats-Unis, avait été critiquée parce que ne prenant pas en compte les droits des aborigènes. Prenant conscience, ces dernières années, de l’importance des droits des citoyens, le ministre de la Construction et de la Planification, avait demandé à des spécialistes de réfléchir à une révision de cette loi. Le P. Norbertus Pu Ying-hsiung, chancelier du diocèse de Chiayi, avait déclaré en novembre dernier que le gouvernement n’avait pas consulté les aborigènes avant de décider de créer des parcs nationaux. Le gouvernement, soucieux de la seule défense des intérêts nationaux, avait négligé ceux des aborigènes qui vivaient sur ces terres, explique le P. Pu, de l’ethnie Tsou. Il souligne qu’il n’est pas opposé à l’idée de la conservation de la forêt mais qu’il voudrait voir davantage de respect à l’égard des aborigènes. Teminawi Tseng, de l’Association catholique de Taichung pour la recherche et le service de la population rurale, estime que les aborigènes se sentent comme des parias et des citoyens de seconde zone depuis la création des parcs nationaux. Le P. Pu précise même que les aborigènes qui vivaient depuis des générations sur le territoire de l’actuel parc Taroko, dans l’est du pays, ont été chassés de chez eux et doivent aujourd’hui solliciter un permis pour se rendre sur les terres qui étaient autrefois les leurs.
La politique du gouvernement, « clôture et répression », a désorienté les aborigènes qui ne comprennent pas pourquoi des traditions comme la chasse ou la culture que leurs ancêtres ont pratiquées depuis toujours ne sont plus permises. La législation est une barrière qui entrave les bonnes relations entre le gouvernement et les aborigènes, souligne le prêtre. Dans le passé, ils recevaient des indemnités pour leurs terres mais le montant, trop faible, ne compense pas les pertes subies, ajoute-t-il. D’après l’officiel Conseil pour les Affaires aborigènes, la compensation était de 100 000 dollars de Taiwan (3 333 dollars américains) par hectare pour la première année et moins les années suivantes. Une compensation reçue pendant vingt ans se monte ainsi à 530 000 dollars taiwanais par hectare.
Depuis 1998, les aborigènes ont su faire valoir leurs droits et mettre en avant leurs besoins. Leur cause, soutenue par les députés issus de leurs rangs, a été entendue par le gouvernement qui peu à peu répond à leur demande, en particulier en ce qui concerne la restauration du droit de chasse. Sun Ta-chuan pense que cette restauration est un premier pas vers la reconnaissance de tous les autres droits. Si on voulait maintenant créer un nouveau parc national ou envisager la construction d’un barrage, l’organisation d’une consultation avec les résidants locaux et les aborigènes serait absolument nécessaire. Teminawi Tseng pense la même chose ajoutant que leur fournir du travail serait pour tous, la meilleure des compensations.
A côté des Han chinois majoritaires, Taiwan comprend neuf ethnies différentes : les Ami, Atayal, Bunan, Paiwan, Puyuma, Rukai, Saisiyat, Tsou et Yami, soit une population de 380 000 aborigènes pour un total de 23 millions d’habitants. Parmi les 300 000 catholiques taiwanais, un tiers sont des aborigènes.