Eglises d'Asie

La nouvelle cloche de la cathédrale de Séoul ne fait pas l’unanimité

Publié le 18/03/2010




La nouvelle cloche de la cathédrale de Myongdong à Séoul est au centre d’un débat qui oppose les avocats du carillon traditionnel occidental et les adeptes de sonorités plus “coréennes”. “L’idée que seule une cloche occidentale puisse être une cloche d’église témoigne du fait que, pour les chrétiens, le christianisme est bien une religion étrangère importée”, a déclaré Lee Chil-yong le 17 avril. Lee Chil-yong, spécialiste reconnu de la culture coréenne, a suscité une discussion sur l’inculturation du christianisme en Corée en publiant un article de journal où il critiquait la décision des responsables de la cathédrale d’avoir fait importer une cloche d’Autriche. Les techniques des fondeurs de cloches coréens sont tout à fait comparables à celles que l’on trouve ailleurs dans le monde, aussi est-il difficile de comprendre cette décision, écrit-il dans son article.

A cet argument, l’Eglise rétorque que l’importation d’une cloche a été rendue nécessaire du fait de l’inadaptation des techniques des fondeurs coréens, “merveilleux” lorsqu’il s’agit de couler des “cloches bouddhistes mais peu habitués à fondre des cloches d’église chrétienne. Selon un laïc, lui-même importateur de cloches, si la cathédrale se servait d’une cloche bouddhiste, elle devrait changer son nom en “temple de Myongdong”. Dans le bulletin diffusé par Internet de l’archidiocèse de Séoul, ce laïc compare l’utilisation d’une cloche bouddhiste pour la liturgie catholique à “l’absorption d’un plat de spaghettis italiens nappés d’une sauce coréenne ultra forte”. Le son est différent souligne-t-il, comme le branle est différent. Mais Lee Chil-yong a répondu à des journalistes qu’une cloche occidentale neuve au cœur de Séoul heurtait la dignité culturelle des Coréens. Pour lui, une cloche, pourvu qu’elle ait été fondue en Corée, avant d’être chrétienne ou bouddhiste, est avant tout une cloche coréenne. Le P. Joseph Lee Jun-seong, un des prêtres de la cathédrale, a écrit à son tour dans le bulletin Internet : “J’espère personnellement que dans le futur nous aurons une cloche Made-in-Korea”. En dépit de la controverse, l’archevêque de Séoul, Mgr Nicholas Cheong Jin-suk, a déclaré au cours de la bénédiction de cette nouvelle cloche : “Je voudrais qu’après en avoir entendu le son, beaucoup de catholiques se rassemblent à la cathédrale de Myongdong et y prient ensemble”.

D’un diamètre de 1 m. 20, cette cloche pèse une tonne. Hissée dans son clocher après son baptême, elle a sonné pour la première fois la nuit de Pâques. Le P. Lee a indiqué qu’elle avait coûté 25 millions de wons (environ 19 000 dollars américains), mais, dit-il, si on inclut les frais du remplacement de l’ancienne charpente détériorée, le total des dépenses se monte à 300 millions de wons. La nouvelle cloche est mise en branle par un système électronique automatique. La première cloche de la cathédrale datait de 1898. Remplacée en 1967, cette deuxième cloche, rapidement fêlée en plusieurs endroits, sonnait faux ; elle sera exposée au musée de l’Université catholique de Corée.