L’Eglise catholique estime que le mysticisme javanais peut être le point de départ d’une véritable union à Dieu

Le P. Suryaprawata a expliqué que le processus de cette prise de conscience de l’union de l’humain et du divin dans le mysticisme javanais pourrait être bénéfique aux catholiques portés vers la mystique ou qui ont déjà expérimenté ce sentiment d’union : “Les Javanais mystiques croient qu’une vie parfaite est achevée une fois que l’être humain s’est acquis un cœur pur par un détachement intérieur de toutes choses et s’est uni avec ce qui est le plus haut”. Ainsi, le mystique rejoint “l’ordre parfait Les mystiques croient qu’alors “Dieu est présent et qu’ils ne sont qu’un avec lui”, a expliqué le prêtre.

Parce que le mysticisme javanais n’est pas institutionnalisé, diverses variantes ont vu le jour, a-t-il noté, attirant l’attention sur les trois éléments importants de cette spiritualité qu’il identifie comme la prise de conscience, la volonté et la lucidité intérieure. L’enseignement des mystiques javanais sur “une prise de conscience que Dieu est dans nos cœurs semble être proche de l’enseignement catholique”, a expliqué le P. Suryaprawata, ajoutant que c’était une des raisons pour laquelle l’archidiocèse de Semarang reconnaissait la valeur spirituelle du mysticisme javanais.

Le P. Yohanes Mardi Widayat, jésuite, a souligné que “des groupes de catholiques pratiquant le mysticisme avec des non-chrétiens étaient même persuadés que ces derniers avaient rencontré le Christ… Je crois que l’Eglise catholique de Java s’épanouira si elle est prête à dialoguer avec les mystiques… Nous pourrions leur présenter nos valeurs chrétiennes et, dans le même temps, apprendre d’eux combien est importante la prise de conscience du divin. A travers elle, le point central des mystiques est l’harmonie avec l’univers”. Le prêtre jésuite a en même temps révélé qu’il essayait de découvrir pourquoi récemment beaucoup de catholiques javanais participaient à des rencontres avec ces mystiques javanais. Dans le même souci, le P. Robertus Widi Harjono a confié aux participants qu’il cherchait “comment, grâce à la méditation, fortifier la foi des catholiques ‘indifférents’».

Cependant, le prêtre représentant le diocèse de Purwokerto a voulu “mettre en garde les catholiques contre le danger du syncrétisme. Je veux leur faire prendre conscience de la différence entre le mysticisme javanais et la mystique catholique”. Il a expliqué que, d’après le mysticisme javanais, les êtres humains se perdaient en Dieu, leur existence même disparaissant dans cette union, alors que dans le catholicisme, unis à Dieu, ils gardent leur identité. Si les mystiques essaient de s’unir à Dieu par la mortification, les catholiques peuvent faire beaucoup mieux grâce au repentir, a ajouté le P. Harjono. Michael Andreas Sudyatmana, un catholique qui a participé à des pratiques mystiques javanaises, a confié qu’il s’était intéressé au mysticisme quand il a compris que la culture javanaise pouvait être un moyen de parvenir à la vérité. “L’Eglise catholique n’a pas saisi la dimension spirituelle des Javanais” et sa liturgie est avant tout occidentale dans ses orientations, a-t-il conclu.