Eglises d'Asie

Les bouddhistes de Hô Chi Minh-Ville se proposent d’aller délivrer le patriarche du Bouddhisme unifié hors du lieu où il est gardé en résidence surveillée

Publié le 18/03/2010




Une lettre envoyée à la fin du mois de mars aux autorités du parti et de l’Etat vient de rappeler à celles-ci l’état de santé inquiétant du patriarche du Bouddhisme unifié, le vénérable Thich Huyên Quang, détenu en résidence surveillée dans une localité du Centre-Vietnam en contravention avec les règlements administratifs. La lettre écrite (1) par le vénérable Thich Quang Dô, recteur de l’Institut pour la propagation du Dharma, le plus haut responsable du Bouddhisme unifié à Hô Chi Minh-Ville, décrit la situation actuelle du patriarche et prévient les autorités que les bouddhistes prendront eux-mêmes une initiative dans le cas où le pouvoir tarderait encore à autoriser son retour à Saigon.

Après avoir souligné tout ce que représente le patriarche exilé pour des dizaines de millions de fidèles bouddhistes et le sentiment filial (hiêu) que ceux-ci éprouvent pour lui, le vénérable Thich Quang Dô rappelle que la mesure qui a condamné le patriarche à la résidence surveillée dans une pagode isolée du district de Nghia Hanh dans la province du Quang Ngai a été prise en février 1982 par la police de Hô Chi Minh-Ville (2) Depuis cette époque, il subit cette peine pour une faute qu’il ignore et sans jamais avoir été jugé. Très âgé et malade, il vit seul, assisté par une unique personne qui vient auprès de lui pendant la journée pour lui préparer ses repas. Au cours de ses dix-neuf années d’exil, il a subi en permanence la pression policière ; au total, il a été soumis à plusieurs centaines d’interrogatoires. Il a lui-même décrit sa situation actuelle : “Je vis sans demeure, je meurs sans tombeau, je marche en l’absence de chemin et suis emprisonné sans avoir commis de crime !”

Pourtant, le 28 novembre 1997, des agents du Service de la Sûreté étaient venus lire au religieux un décret officiel lui annonçant que sa période de résidence surveillée était achevée. Au mois de décembre, les policiers exigèrent de lui qu’il établisse son certificat de résidence à l’adresse de la localité où il se trouve actuellement. Ce que le vénérable Thich Huyên Quang refusa énergiquement. Arrêté à Saigon, il devait y être ramené et revenir à son véritable domicile, la pagode An Quang, où il résidait en février 1982. Thich Quang Dô a souligné que c’était la façon de faire prévue par les règlements concernant “le certificat de résidence que l’on peut trouver dans un décret intitule 51/CP publié le 10 mai 1997. La police, depuis ce refus, prolonge indûment la peine de résidence surveillée infligée au religieux.

Le vénérable Thich Quang Dô demande aux destinataires de la lettre, de résoudre de toute urgence le cas du patriarche du Bouddhisme unifié, de le remettre en liberté et de l’autoriser à regagner son véritable domicile à Saigon. Si le gouvernement ne prenait aucune initiative en ce sens avant le début du mois de mai, une délégation de religieux et de fidèles bouddhistes viendrait chercher le patriarche sur place pour le reconduire à Saigon.

Cette initiative du recteur de l’institut pour la propagation du Dharma a fait suite à un appel en huit points, lancé par lui le mois dernier, qui préconise une transition pacifique du régime communiste vers la démocratie. Depuis cette date, le Front patriotique fait peser un certain nombre de menaces sur le religieux. Deux lettres écrites récemment à l’occasion de la fête bouddhiste Phât Dan, l’une par Thich Quang Dô, l’autre par le patriarche exilé, ont renouvelé l’invitation faite aux bouddhistes vietnamiens de se mobiliser pour la démocratie alors que se déroulait le 9ème Congrès du Parti à Saigon. La réponse donnée par les nouveaux détenteurs du pouvoir aux sollicitations bouddhistes donnera d’intéressants renseignements sur leur réelle volonté de réforme.