Eglises d'Asie

Timor occidental : une bombe a été désamorcée à la résidence de l’évêque catholique d’Atambua

Publié le 18/03/2010




Le 23 avril, dans la matinée, en jouant dans le jardin de la résidence de l’évêque catholique d’Atambua, des enfants est-timorais réfugiés au Timor occidental ont découvert une bombe. Cachée dans un bananier, situé à environ 50 mètres des bureaux et de la chambre de l’évêque d’Atambua, la bombe était un engin “destiné à terroriser l’évêque [d’Atambua] », a déclaré un responsable de la police locale. C’est la deuxième fois en moins de cinq mois qu’un engin explosif visant l’évêque d’Atambua est ainsi désamorcé à temps ; à Noël dernier, tandis qu’une série d’explosion endeuillait la communauté catholique d’Indonésie (1), une bombe avait été découverte à Atambua et avait été désamorcée.

Au moment de la découverte de la bombe, Mgr Antonius Pain Ratu, évêque d’Atambua, n’était pas dans ses bureaux. Il assistait, à 500 m. de là, à une réunion entre quelque 200 enseignants catholiques et les responsables des Affaires religieuses de la province. Joint par téléphone, Mgr Pain Ratu n’a pas voulu se montrer trop préoccupé par cet incident. “Si des gens veulent me tuer, cela n’est pas difficile car, généralement, partout où je vais, je vais seul. Et tant que je pourrai marcher, je continuerai à me déplacer seul. Les gens, catholiques ou fidèles d’une autre religion, me connaissent”, a-t-il précisé. Selon lui, dans le district de Belu, où les catholiques sont très largement majoritaires, tous les croyants connaissent son souci du dialogue. Mgr Pain Ratu a seulement souhaité lancer un appel à tous les croyants afin que les fidèles de toutes les religions s’unissent et ne laissent pas “des provocateurs” empêcher cette unité de se réaliser.

Selon les observateurs, nombreux sont ceux qui peuvent avoir des raisons de s’en prendre à l’évêque d’Atambua. Mgr Pain Ratu a gagné le surnom d’“évêque des réfugiés” pour son action en faveur de la réconciliation entre la population du Timor-Oriental et les réfugiés est-timorais présents au Timor occidental. Parmi ceux de ces réfugiés qui sont hostiles à l’indépendance du Timor-Oriental et au retour des réfugiés au Timor-Oriental, l’engagement de Mgr Pain Ratu est gênant. D’autre part, l’évêque d’Atambua s’est récemment opposé à un projet de l’armée de construire une base militaire à Kefamenanu, à 80 km. au sud-ouest d’Atambua. Cette base, qui aurait servi à abriter une partie du 744ème bataillon d’infanterie, actif au Timor-Oriental avant le référendum d’août 1999, devait être bâtie sur des terrains appartenant aux Niola, communauté ethnique locale. Le 5 avril dernier, pour protester contre l’opposition de l’Eglise à la construction de cette base, 800 personnes ont bruyamment manifesté devant une église à Kefamenanu, perturbant ainsi le service religieux qui s’y déroulait. A la suite d’une protestation de Mgr Pain Ratu, le chef de l’administration du district de Timor Nord-Centre (où se trouve Kefamenanu) s’est publiquement excusé d’avoir alloué des terrains pour un usage militaire, créant ainsi des divisions au sein de la communauté catholique. Selon certains observateurs locaux, ce récent incident pourrait avoir eu pour conséquence de cristalliser des mécontentements sur la personne de Mgr Pain Ratu.

Le diocèse d’Atambua couvre les deux districts de Belu et de Timor Nord-Centre. Sur une population totale de 410 000 personnes, 390 000 sont catholiques.