Eglises d'Asie

Après le 9ème Congrès du Parti, certains signes pourraient faire croire à une volonté d’ouverture en matière de communications

Publié le 18/03/2010




A la recherche de signes révélant de nouvelles orientations de la politique générale après l’élection d’un nouveau secrétaire général, Nông Duc Manh, certains observateurs, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, ont relevé quelques changements significatifs. Certains d’entre eux donnent à penser que plusieurs contraintes pesant sur la liberté de communication avec le monde extérieur étaient en train d’être levées.

Une première transformation importante a été observée dès la tenue du 9ème Congrès. Elle concernait ce que les informaticiens appellent les “firewalls” (murs coupe-feu), dispositifs qui permettent d’interdire aux internautes l’accès de certains sites web que l’on veut protéger ou au contraire isoler de la multitude des usagers. Depuis longtemps, les services gouvernementaux du Vietnam avaient ainsi rendu impossible la consultation de sites de presse, ou d’information, considérés comme hostiles au pouvoir en place ou pouvant nuire à l’hégémonie du celui-ci sur l’information distribuée à la population du pays. Ont été ainsi rendus inaccessibles aux utilisateurs d’Internet un grand nombre de sites établis à l’étranger, particulièrement aux Etats-Unis, par les Vietnamiens de la diaspora, dont certains sont d’une grande qualité, aussi bien en ce qui concerne les moyens techniques employés que l’information fournie. Or le dispositif général destiné à protéger la santé morale et idéologique des utilisateurs d’Internet semble avoir “flanché” durant la période où s’est déroulé le Congrès. Un grand nombre de sites étrangers autrefois neutralisés par les firewalls étaient mystérieusement et subitement accessibles aux internautes du Vietnam (1).

Dans le pays, des interprétations divergentes de ce phénomène ont été données. Certains y ont vu une volonté d’ouverture justifiée par l’orientation libérale du Congrès ; d’autres ont pensé qu’il s’agissait simplement d’une panne dans la technique en usage aujourd’hui ; d’autres encore ont conclu à un remplacement du dispositif actuel par un nouveau plus puissant et impossible à franchir. En effet, les moyens de contourner les barrières de coupe-feu actuelles sont connus de beaucoup. Cette dernière interprétation pourrait être la meilleure. Selon le journal Thanh Niên, les services nationaux sont en train de renouveler leur réseau Internet et de mettre en place un réseau dont la vitesse passerait de 33,6 Kbps à 56,6 Kbps.

Dans ce même domaine de la communication, les mêmes observateurs notent un autre phénomène significatif qui lui est en œuvre chez les téléspectateurs du pays. Ceux-ci pour obtenir de capter les chaînes étrangères grâce à une antenne parabolique doivent, selon les règlements en vigueur, constituer un dossier à adresser au secrétariat d’Etat ou au ministère, qui n’accordent l’autorisation que pour de sérieuses raisons. Selon le journal saigonais Saigon giai phong, chaque semaine, au plus, deux dossiers de ce type sont adressés aux autorités compétentes. Or, depuis quelque temps, une forêt d’antennes paraboliques, illégales pour l’immense majorité, est en train de s’élever un peu partout dans Hô Chi Minh-Ville. Partout et sans problème, on peut acheter, au prix de 4 à 5 millions de dôngs, des décodeurs permettant de capter grâce aux satellites la plupart des chaînes du monde. Leur publicité s’étale à longueur de pages sur tous les journaux de la ville. Aujourd’hui, commerçants, installateurs et utilisateurs sont également convaincus que l’autorisation des autorités est devenue totalement inutile. L’absence de réaction des autorités responsables, ici aussi, relève de plusieurs interprétations : ou bien d’une volonté du pouvoir d’ouvrir le champ des transmissions télévisuelles au monde extérieur ou alors d’une simple négligence passagère…

Une hirondelle ne fait pas le printemps. Plusieurs autres mesures récentes sont venues contrebalancer ces premières observations et inclinent à penser que rien n’a encore changé (2). Il faudra sans doute longtemps avant de pouvoir déterminer quelle est la politique générale de la nouvelle équipe au pouvoir.