Eglises d'Asie

Bihar : des bombes explosent dans la cathédrale de Muzaffarpur endommageant des statues et inquiétant les chrétiens

Publié le 18/03/2010




Le 5 mai dernier, trois bombes ont explosé dans la cathédrale Saint François d’Assise du diocèse de Muzaffarpur dans l’Etat du Bihar. Les explosions qui ont eu lieu après la messe du soir n’ont fait aucune victime mais ont endommagé gravement certaines statues. D’autres ont été noircies par la fumée due à l’explosion. Des tracts anti-chrétiens ont été laissés à l’intérieur de l’édifice religieux, vraisemblablement par les poseurs de bombes. On peut y lire : “Stop aux conversions effectuées sous le prétexte de rendre service ! Que les chrétiens quittent l’Inde ! Toute l’Inde doit devenir hindoue !”. Par ailleurs, selon des propos tenus aux journalistes par l’archevêque de Patna, Mgr Benedict J. Osta, qui est venu visiter la cathédrale endommagée, une tentative de déchirer des pages de la Bible aurait eu lieu, un acte, a précisé le prélat, que les chrétiens ne pouvaient pas ne pas considérer comme blasphématoire.

Interrogé, le chef de la police du district, Mohammed Hasnayan Khan, a déclaré que, deux jours après l’attentat, les coupables n’avaient pas encore été trouvés. Il a cependant révélé que les soupçons se portaient sur certains membres de groupes hindouistes nationalistes. La population locale affirme avoir vu quelques-uns d’entre eux roder autour de la cathédrale dans la soirée du 5 mai. Depuis cet incident, les autorités locales ont accordé à la cathédrale et à son clergé une protection spéciale.

Cet événement a suscité un certain nombre de réactions dans la communauté catholique aussi bien locale que nationale. On est frappé de la véritable inquiétude qui règne chez ceux qui se sont exprimés. Si l’évêque du lieu, Mgr J. B. Thakur, a dit son espoir que les coupables seraient bientôt arrêtés et que tout serait fait pour inspirer la confiance des chrétiens, son secrétaire, le P. Anthony Samy, est, par contre, persuadé que les explosions font partie d’un programme de violences bien préparé, destiné à semer la terreur chez les fidèles catholiques. L’audace manifestée par les auteurs de l’attentat en entrant dans la cathédrale, plaçant les bombes derrière les statues, les allumant avec des bâtonnets d’encens, prouvait qu’ils étaient capables de faire encore plus de mal à la communauté chrétienne à d’autres occasions. Ce point de vue est aussi celui du curé de la cathédrale, le P. Julius Lazarus. Selon lui, le groupe commanditaire de l’attentat commis dans la cathédrale n’a pas encore l’intention de causer un tort physique aux chrétiens. Pour le moment, il cherche seulement à les atteindre psychologiquement. “Nous ne savons pas qui a fait cela. Mais nous avons déjà la forte impression qu’il s’agit d’une phénomène régional auquel nous ne pourrons pas échapper a conclu le prêtre. Cette opinion a été reprise sous une autre forme par un journaliste qui a affirmé que les explosions étaient d’autant plus significatives qu’elles se produisaient quinze jour avant la visite dans la ville du dirigeant du Vishwa Hindu Parishad (Conseil hindou mondial), Ashok Singhal. Il a déclaré : “Il est possible que quelques fanatiques hindous aient cherché à attirer l’attention des médias et à ajouter un peu de piment à la visite de son dirigeant”.

Le premier vice-président de la Conférence épiscopale de l’Inde, Mgr Concessao, a éprouvé le besoin de s’exprimer à propos de cet incident dans un communiqué de presse. Il appelle tous les gens de bonne volonté à s’opposer à ce type d’activités. Celles-ci répandent le poison de la haine dans une société qui lutte pour faire face aux problèmes posés par son caractère plurireligieux. L’archevêque a révélé son intention d’écrire au président K. R. Narayanan et à son Premier ministre, A. B. Vajpayee, pour demander une protection spéciale pour la communauté chrétienne.