Eglises d'Asie – Inde
L’épiscopat indien se divise sur l’appréciation à porter sur la notification du Saint-Siège concernant le livre du P. Jacques Dupuis
Publié le 18/03/2010
Selon des confidences de membres de la Conférence épiscopale, au cours des discussions sur l’attitude à adopter face à la notification de la Congrégation pour la doctrine de la foi (2), un désaccord est apparu qui a séparé les participants en deux groupes. Le premier exigeait une “déclaration forte” qui aurait mis en valeur la compréhension des réalités indiennes du P. Jacques Dupuis. L’autre groupe s’est opposé à un tel type de déclaration, estimant qu’elle manquerait d’égard envers le Saint-Siège et mettrait en cause l’autorité pontificale. Par ailleurs, les mêmes évêques arguaient qu’une telle déclaration n’avait pas lieu d’être puisque le théologien en question n’avait été ni censuré, ni condamné par les autorités romaines qui avaient seulement signalé de possibles ambiguïtés pouvant conduire à des erreurs théologiques. Finalement, le premier groupe, bien qu’ayant abandonné son projet, a pu introduire ses conceptions à l’intérieur de ce qui devait être à l’origine une lettre pastorale. C’est ainsi que l’on peut y lire que la notification du Saint-Siège ne porte pas de jugement sur la pensée objective du P. Dupuis, mais se contente de répéter l’enseignement de l’Eglise et de réfuter des idées erronées qui pourrait résulter de la lecture du livre.
Cependant, le document maintenant réservé à l’information des évêques traite principalement de la déclaration Dominus Jesus sur “l’unicité et l’universalité salvifique du Christ et de son Eglise”. Après avoir récapitulé les divers poins doctrinaux abordés par la Congrégation pour la doctrine de la foi, les évêques indiens explorent la façon dont la déclaration traite les thèmes du dialogue interreligieux, de l’cuménisme et de la recherche théologique. Bien que, dans l’introduction du texte, l’épiscopat de l’Inde déclare que le document romain a fait l’objet d’un ardent débat en Inde où beaucoup y ont vu une menace pour le dialogue interreligieux, ils s’emploient cependant à désamorcer les effets négatifs du document romain, affirmant même que celui-ci, dans le contexte interreligieux de l’Inde, promouvait une libre recherche théologique plus qu’il ne la décourageait.
Si les évêques admettent que Dominus Jesus ne présente en rien une étude approfondie des questions abordées et qu’il doit être lu dans le contexte des documents conciliaires sur ce même thème, ils se refusent pourtant à y voir un instrument destiné à étouffer la liberté et la créativité théologiques. Ils considèrent même comme un signe d’ouverture des expressions contenues dans le document comme “le débat théologique libre” ou encore “des questions fondamentales qui restent ouvertes à des développements ultérieurs”. Le document romain encourage même la recherche théologique actuelle “à comprendre comment d’autres expériences religieuses et, en elles, d’autres figures historiques peuvent faire partie du plan divin du salut