Eglises d'Asie

L’épiscopat indien se divise sur l’appréciation à porter sur la notification du Saint-Siège concernant le livre du P. Jacques Dupuis

Publié le 18/03/2010




Une notification du Saint-Siège concernant le livre du P. Jacques Dupuis : “Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux publiée le 24 janvier 2001 (1), avait relevé dans cet ouvrage de graves ambiguïtés et des difficultés pouvant conduire le lecteur à des opinions erronées. Certains évêques indiens, concernés par les travaux du théologien qui s’appuie sur son expérience en Inde où il a enseigné la théologie pendant 25 ans, avaient demandé que soit publiée une lettre pastorale ou une déclaration défendant les écrits du théologien belge. Elle était, semble-t-il, destinée à remettre dans son contexte indien le livre sur lequel la Congrégation pour la doctrine de la foi avait attiré l’attention. En raison des divergences entre les évêques à propos de cette initiative, ses partisans ont retiré leur demande. Leurs vues ont, cependant, été intégrées à l’intérieur d’une autre lettre pastorale, qui, elle traite de la déclaration Dominus Jésus, déclaration publiée par la Congrégation pour la doctrine de la foi en septembre dernier. Or, le Conseil permanent de la conférence épiscopale, réuni à New Delhi les 25 et 26 avril, a décidé de ne pas rendre public le nouveau document déjà préparé. Le texte primitivement destiné aux prêtres, religieux et laïcs est maintenant devenu un document “privé réservé aux seuls évêques. L’archevêque de Delhi, Mgr Vincent Concessao, a expliqué que, prenant acte de la considérable divergence d’opinions en ce domaine, les évêques indiens ont décidé de ne pas publier ce document, dont il a dit encore qu’il était trop théologique pour être communiqué aux laïcs.

Selon des confidences de membres de la Conférence épiscopale, au cours des discussions sur l’attitude à adopter face à la notification de la Congrégation pour la doctrine de la foi (2), un désaccord est apparu qui a séparé les participants en deux groupes. Le premier exigeait une “déclaration forte” qui aurait mis en valeur la compréhension des réalités indiennes du P. Jacques Dupuis. L’autre groupe s’est opposé à un tel type de déclaration, estimant qu’elle manquerait d’égard envers le Saint-Siège et mettrait en cause l’autorité pontificale. Par ailleurs, les mêmes évêques arguaient qu’une telle déclaration n’avait pas lieu d’être puisque le théologien en question n’avait été ni censuré, ni condamné par les autorités romaines qui avaient seulement signalé de possibles ambiguïtés pouvant conduire à des erreurs théologiques. Finalement, le premier groupe, bien qu’ayant abandonné son projet, a pu introduire ses conceptions à l’intérieur de ce qui devait être à l’origine une lettre pastorale. C’est ainsi que l’on peut y lire que la notification du Saint-Siège ne porte pas de jugement sur la pensée objective du P. Dupuis, mais se contente de répéter l’enseignement de l’Eglise et de réfuter des idées erronées qui pourrait résulter de la lecture du livre.

Cependant, le document maintenant réservé à l’information des évêques traite principalement de la déclaration Dominus Jesus sur “l’unicité et l’universalité salvifique du Christ et de son Eglise”. Après avoir récapitulé les divers poins doctrinaux abordés par la Congrégation pour la doctrine de la foi, les évêques indiens explorent la façon dont la déclaration traite les thèmes du dialogue interreligieux, de l’œcuménisme et de la recherche théologique. Bien que, dans l’introduction du texte, l’épiscopat de l’Inde déclare que le document romain a fait l’objet d’un ardent débat en Inde où beaucoup y ont vu une menace pour le dialogue interreligieux, ils s’emploient cependant à désamorcer les effets négatifs du document romain, affirmant même que celui-ci, dans le contexte interreligieux de l’Inde, promouvait une libre recherche théologique plus qu’il ne la décourageait.

Si les évêques admettent que Dominus Jesus ne présente en rien une étude approfondie des questions abordées et qu’il doit être lu dans le contexte des documents conciliaires sur ce même thème, ils se refusent pourtant à y voir un instrument destiné à étouffer la liberté et la créativité théologiques. Ils considèrent même comme un signe d’ouverture des expressions contenues dans le document comme “le débat théologique libre” ou encore “des questions fondamentales qui restent ouvertes à des développements ultérieurs”. Le document romain encourage même la recherche théologique actuelle “à comprendre comment d’autres expériences religieuses et, en elles, d’autres figures historiques peuvent faire partie du plan divin du salut