Eglises d'Asie

Les évêques japonais expriment leur inquiétude sur la question controversée des manuels scolaires d’histoire

Publié le 18/03/2010




Les évêques du Japon ont exprimé leur “profonde inquiétude” devant l’approbation donnée par le gouvernement aux manuels d’histoire qui, affirment-ils, ne font qu’absoudre les troupes japonaises des atrocités commises. On se souvient que le ministre de l’Education avait approuvé des manuels d’histoire destinés aux collèges et lycées édités par la très nationaliste Société japonaise de réforme des manuels d’histoire, soulevant ainsi l’indignation des pays d’Asie colonisés ou envahis par le Japon au cours de la première moitié du XXe siècle (1). “L’approbation de tels manuels conduira inévitablement à la dissimulation, à la déformation et à la glorification des invasions et des atrocités commises par le militarisme impérial japonais”, écrit la Conférence des évêques catholiques japonais dans un document daté du 7 mai.

Face à la crainte d’une renaissance du militarisme de jadis, les évêques déclarent : “Il nous incombe, à nous Japonais, d’essayer d’obtenir dans l’humilité, un exposé historique honnête dans les termes et dans les faits afin de regagner la confiance de nos amis asiatiques”. Ils demandent “des efforts sérieux” pour “faire nôtre le point de vue des pays d’Asie qui ont été victimes du militarisme nippon dans le passé”. Le document appelle également le Japon à réfléchir et à réviser son passé pour que “ne se répètent pas les mêmes fautes” et « qu’il aborde le nouveau millénaire dans l’espoir de bâtir une vraie solidarité avec tous les peuples d’Asie”. L’optique adoptée par la Société japonaise de réforme des manuels d’histoire ne peut que “dresser un insurmontable obstacle à la réalisation des profondes aspirations des peuples d’Asie à la justice, à la paix et au respect des droits de l’homme”.

Les responsables des trois archidiocèses et de huit des treize diocèses du pays ont signé le document. Parmi eux, Mgr Otsuka Yoshinao, évêque de Kyôto et président de la Commission Justice et paix’ de la Conférence des évêques. A signé également Mgr Pierre Okada, archevêque de Tôkyô, qui supervise du côté japonais les rencontres périodiques des évêques japonais et sud-coréens.

Du fait de l’accord donné par le ministère de l’Education à ces manuels, le gouvernement sud-coréen, en signe de protestation, vient d’annuler les manœuvres navales communes prévues avec le Japon et a demandé à nouveau la refonte des manuels d’histoire litigieux. La Chine a déposé une protestation à propos de ces manuels qui minimisent le sac de Nankin de 1937 où, est-il généralement estimé, 300 000 civils ont été tués par les envahisseurs japonais. Les médias du Japon ont indiqué, le 8 mai, que le ministre de l’Education nationale “étudierait” les demandes de la Corée.