Eglises d'Asie

Peu avant les élections, des contacts ont eu lieu entre le gouvernement, d’une part, la secte chrétienne Iglesia Ni Kristo et le mouvement charismatique catholique El Shaddai, d’autre part

Publié le 18/03/2010




Selon diverses sources, quelques jours avant les élections du 14 mai, la présidente Gloria Macapagal-Arroyo a rencontré personnellement le responsable de la secte chrétienne Iglesia Ni Kristo ( l’Eglise du Christ’) et celui du mouvement charismatique catholique El Shaddai pour, selon toute vraisemblance, évoquer d’éventuels soutiens lors de ces élections. De tels contacts à la veille d’échéances électorales ne sont pas rares aux Philippines mais ceux-ci prennent un relief particulier étant donné que les responsables de ces deux mouvements s’étaient rangés sans ambiguïté aux côtés de l’ex-président Joseph Estrada au cours des manifestations de janvier dernier et de celles qui ont eu lieu entre le 25 avril et le 1er mai dernier (1).

Le 9 mai, un haut responsable du palais présidentiel a fait savoir que, la veille, la présidente Arroyo avait rencontré Erano Manalo, principal responsable de la secte d’inspiration chrétienne, Iglesia Ni Kristo. Connue jusqu’ici pour son soutien à l’ex-président Joseph Estrada, la secte a, à l’issue de cette rencontre, décidé de soutenir huit des treize candidats présentés aux élections sénatoriales par la People Power Coalition, la formation politique de l’actuelle présidente. La secte maintient toutefois son soutien à cinq autres candidats, membres de la coalition Puwersa ( la force’), favorable à Estrada ; parmi ces cinq candidats, se trouve Luisa Ejercito, l’épouse de l’ex-président Estrada. Avant cette rencontre au palais présidentiel de Malacanang, la proportion était exactement inverse, Iglesia Ni Kristo soutenant huit candidats pro-Estrada et cinq pro-Arroyo. Selon les spécialistes de la scène politique philippine, les consignes de vote données par Erano Manalo sont généralement parfaitement suivies par les cinq millions de membres que revendique cette secte.

Par ailleurs, la présidente Arroyo a déclaré en public avoir rencontré le 30 avril dernier “Brother Mike (Velarde)”, le dirigeant du mouvement charismatique catholique El Shaddai, lui aussi connu pour son engagement aux côtés de l’ex-président Estrada. Gloria Arroyo a tenu à garder confidentielle la teneur de cet entretien mais, selon Ernesto Francisco, un avocat de Manille, il est très probable que Mike Velarde a négocié l’arrêt des poursuites de la justice à son encontre en échange d’un soutien de son mouvement à la présidente lors des élections du 14 mai. En effet, Mike Velarde a été mis en examen pour avoir vendu à l’Etat au triple de sa valeur réelle un terrain de 8 hectares destiné à des programmes immobiliers. La vente avait été réalisée grâce au soutien de Joseph Estrada, encore président à l’époque des faits, en avril 1999, et le profit aurait atteint les 20 millions de dollars. Selon cet avocat, qui est à l’origine de la plainte qui a débouché sur la mise en accusation de Mike Velarde, un adjoint du médiateur de la République l’a contacté peu après l’entrevue de la présidente avec Mike Velarde pour lui signifier qu’un complément d’enquête était nécessaire, les preuves incriminant le dirigeant Shaddai étant insuffisantes. El Shaddai revendique sept millions de membres aux Philippines et à l’étranger où il est fortement implanté au sein des communautés philippines expatriées.