Eglises d'Asie

Andhra Pradesh : les chrétiens inquiets sur le sort d’un centre de pèlerinage sont rassurés par les promesses du gouverneur de l’Etat

Publié le 18/03/2010




Le sort d’un centre de pèlerinage menacé de destruction inquiétait grandement les chrétiens de l’Andhra Pradesh et les responsables de la paroisse de Palwancha, dans le diocèse de Khammam, dont il dépend. Ceux-ci ont été rassurés par les déclarations prononcées par l’archevêque d’Hyderabad, Mgr Marampudi Joji, à l’issue de sa rencontre, le 3 mai, avec le gouverneur et le ministre de l’Intérieur de l’Etat. Ces derniers ont assuré au prélat catholique que le sanctuaire serait protégé par les autorités et qu’il resterait sur place.

Ce centre de pèlerinage, appelé Carmel Giri ( La montagne du Carmel’), ouvert en 1977, est essentiellement constitué d’un long chemin de croix débouchant sur un sanctuaire. Une statue du Christ se dresse au pied de la montagne, à quelque 300 mètres d’un temple. Puis s’égrainent les 14 stations du chemin de croix jusqu’au sanctuaire situé au sommet de la montagne tout près d’un autre temple. A chaque carême et particulièrement durant la semaine sainte, de très nombreux chrétiens viennent y participer à la liturgie. Le sanctuaire a encore la particularité d’être visité par de nombreux non-chrétiens de diverses religions. Or, le 3 avril de cette année, les autorités locales ont coupé l’électricité du centre et demandé à la population de ne point participer aux prochaines cérémonies organisées à l’occasion de la semaine sainte. Le curé de paroisse, lui-même, a reçu de l’administration locale l’ordre de retirer tous les objets religieux hors du sanctuaire de montagne, ordre d’autant plus étonnant que les deux temples hindous voisins du centre de pèlerinage en étaient totalement exempts. Ce même 3 avril, une escouade de 100 policiers était envoyée pour prendre le contrôle du site. Ils se seraient cependant montrés accommodants grâce à l’insistance des chrétiens.

Pourtant, malgré la tension régnant sur les lieux et grâce à une première intervention de Mgr Joji auprès du ministre-président de l’Etat, les cérémonies de la semaine sainte ont pu se dérouler avec la participation de 10 000 chrétiens, sous la haute surveillance de la police et avec la vigilance accrue de la population qui a organisé des patrouilles destinées à protéger le sanctuaire d’éventuelles attaques.

Les raisons de cette brusque intervention des autorités locales dans un lieu de culte chrétien sont encore assez obscures. Selon un officier des finances de la région, la responsabilité de cette initiative serait à attribuer au préfet du district. Celui-ci aurait estimé que le sanctuaire était situé sur un terrain occupé illégalement et appartenant à une réserve forestière et que, par conséquent, il devait immédiatement être confisqué. Selon un pasteur de l’Eglise du Sud de l’Inde, le fonctionnaire en question serait un sympathisant du groupe hindou extrémiste, le Rashtriya Swayamsevack Sangh (Corps national des volontaires, RSS), désireux de répandre l’idéologie hindouiste dans toute la région.

Avant et après la rencontre de Mgr Joji avec les plus hautes autorités de l’Etat qui ont pris des engagements précis, le 3 mai dernier, les réactions n’ont pas manqué. Mgr Raja Rathinam, évêque de l’Eglise (protestante) de l’Inde du Sud, à Doronakal, a déclaré que les autorités avaient attenté à la démocratie et à la laïcité. Le dirigeant marxiste, Varapati Sitaram, a dit que l’ordre de faire disparaître le centre de pèlerinage émanait du RSS et avait pour but de troubler l’harmonie religieuse de la région. Un mémorandum adressé au préfet signé des responsables de dénominations chrétiennes diverses lui a demandé de faire maintenir la loi et l’ordre dans la région et de protéger les droits des minorités.