Eglises d'Asie – Indonésie
Des partisans du président Abdurrahman Wahid ont endommagé, détruit ou brûlé plusieurs lieux de culte, catholique, protestant, musulman et chinois, dans l’est de l’île de Java
Publié le 18/03/2010
Selon les observateurs, le fait que des membres de la Nadhlatul Ulama, organisation musulmane de masse rassemblant 35 millions de musulmans indonésiens et restée très fidèle à son ancien dirigeant, Abdurrahman Wahid, s’en soient ainsi pris à des lieux de culte est exceptionnel. La Nadhlatul Ulama est en effet considérée comme une organisation plutôt pacifique bien que, par le passé, lors de l’élimination des communistes ou supposés tels après le coup d’Etat manqué de 1965, les Bansers, le mouvement de jeunesse de la Nadhlatul Ulama, se soient montrés sanguinaires (1). Les 28 et 29 mai dernier, les motivations des manifestants à Surabaya, Pasuruan et Situbondo semblaient plus politiques que religieuses. Ils se sont en effet attaqués à des bâtiments publics ou à des symboles de l’opposition à A. Wahid : le temple protestant incendié à Pasuruan était censé être fréquenté par des partisans du PDI-P, le Parti démocratique indonésien de lutte, formation politique de la vice-présidente Megawati Sukarnoputri ; l’école détruite à Situbondo et la mosquée endommagée à Pasuruan appartenaient à la Muhammadiyah, l’autre grand mouvement musulman de masse, qui soutient Amien Raïs, président du MPR (Assemblée consultative du peuple) et un des principaux adversaires du président Wahid.
Mercredi 30 mai, la tension restait vive. L’Assemblée nationale (DPR) devait se réunir en session spéciale pour éventuellement voter la convocation de l’Assemblée consultative du peuple (MPR), collège électoral qui seul peut voter la destitution du président. A Djakarta, 27 000 membres des forces de sécurité étaient chargés de protéger le parlement et le centre de conférence abritant le sommet du G-15 réunissant au même moment 17 pays en voie de développement. Plusieurs milliers de partisans du président Wahid se disaient prêts à en découdre pour défendre leur chef et des proches du chef de l’Etat ont déclaré que ces manifestants radicaux étaient incontrôlables. Aucune contre-manifestation n’était signalée.