Eglises d'Asie – Népal
Les négociations entre le gouvernement et l’organisation étudiante des rebelles maoïstes ayant échoué, toutes les écoles privées – y compris les écoles catholiques – ont été contraintes de fermer
Publié le 18/03/2010
L’affaire a commencé lorsque l’ANNFSU a présenté au gouvernement le 19 avril dernier une demande en quinze points. Les étudiants maoïstes demandaient, entre autres, que les enfants de tous les responsables gouvernementaux soient scolarisés dans des écoles publiques et que l’enseignement du sanscrit, associé à l’appartenance aux hautes castes, soit aboli. Les pourparlers entre l’administration et les responsables du syndicat étudiant ont pris un tour délicat lorsque, le 12 mai, deux des dirigeants de l’ANNFSU, Purna Poudel et Raju Nepal, ont été arrêtés peu après avoir rencontré des fonctionnaires responsables de ces négociations. L’ANNFSU a alors immédiatement interrompu les contacts, demandant la libération de ses deux dirigeants et les excuses des autorités. De son côté, l’organisme qui rassemble une grande partie des écoles privées du pays, le PABSON (Private and Boarding School Organisations of Nepal), par la voix de son président, Rajesh Khadga, faisait savoir le 13 mai qu’il n’approuvait pas ces arrestations et que les écoles privées fermeraient leurs portes tant que le gouvernement et les maoïstes ne trouveraient pas un terrain d’entente (1).
A Katmandou, la crainte a gagné les écoles tenues par des religieux catholiques après que des membres de l’ANNFSU eurent en plein jour mis à sac deux des principales écoles catholiques de la ville. Les responsables de ces écoles, d’origine indienne le plus souvent, craignent que les maoïstes ne s’en prennent à eux physiquement, le mouvement rebelle demandant que le personnel enseignant des écoles soit népalais et non étranger. Joseph Niraula, président du Mouvement des travailleurs chrétiens et principal du lycée Campion, a commenté ces événements en déclarant que les étudiants maoïstes veulent certes contraindre le gouvernement à investir pour le développement des écoles publiques plutôt que de laisser croître les écoles privées mais qu’en attendant, ce sont les élèves, leurs parents et leurs professeurs, et non les autorités de l’Etat, qui subissent les conséquences de leur politique.
L’action des maoïstes contre les écoles n’est pas chose nouvelle, font remarquer les observateurs. Il est de notoriété publique que, ces dernières années, quasiment toutes les écoles privées ainsi que les entreprises privées au Népal ont été forcées de « contribuer » financièrement à l’ANNFSU. En décembre dernier, le groupe rebelle avait déjà contraint les écoles du royaume à fermer pendant une semaine pour protester contre le chant de l’hymne national à l’école, un hymne à la gloire du roi et non du pays, estiment les maoïstes. Trois écoles catholiques dans la partie centre-ouest du pays avaient été fermées (2). A l’échelle du pays tout entier, 150 écoles privées ont fermé depuis le début de l’année. Récemment, en tournée dans le centre-ouest du pays entre le 27 et le 29 avril, Mgr Sharma, préfet apostolique du Népal, a demandé aux religieuses responsables d’écoles de chercher des voies pour sortir de cette crise. Il remarquait que les écoles catholiques sont visées non pas parce qu’elles sont catholiques mais parce qu’elles sont privées. Les maoïstes ne sachant pas « qui nous sommes réellement », Mgr Sharma invitait les religieuses à mener des programmes informels d’éducation, tels que les très populaires cours d’alphabétisation pour adultes, comme une voie pour permettre aux écoles catholiques de rester ouvertes.
L’Eglise catholique au Népal scolarise environ 9 000 élèves dans ses différents établissements. Outre le collège Saint Xavier, tenu par les jésuites, et l’école pour filles Sainte Marie à Katmandou, divers établissements scolaires sont ouverts aux pauvres (comme l’école Regina Amoris, située sur le terrain de l’église de l’Assomption) ou aux handicapés mentaux (telle que le centre Navajyoti à Katmandou).