Eglises d'Asie

Les représentants des Eglises chrétiennes sont satisfaits des élections législatives en quatre Etats de l’Inde

Publié le 18/03/2010




Les 18 morts, victimes de la violence qui s’était donnée libre cours durant la campagne précédant les élections législatives, avaient déjà laissé deviner que cette échéance électorale mettait à vif certaines passions dans la population. Les résultats des urnes proclamés le 13 mai dernier après trois jours d’élections dans quatre Etats du pays et un territoire spécial, n’ont pas laissé de doute sur les sentiments de la population à l’égard de la coalition au pouvoir en Inde aujourd’hui, conduite par le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), qui partout a obtenu de piètres résultats. Le porte-parole de la Conférence épiscopale, le P. Donald D’Souza n’a pas hésité à interpréter les résultats comme l’expression de la désillusion de la population à l’égard d’une politique s’appuyant sur le sentiment religieux. Les commentateurs n’ont pas manqué d’établir une comparaison avec les élections de 1990 ayant vu l’arrivée au pouvoir de l’alliance dirigée par le BJP. Alors que la dite coalition avait eu beaucoup de peine à constituer une majorité, dans trois des quatre Etats où se sont déroulés les récentes élections, les partis d’opposition, en particulier le Parti du Congrès, se sont affirmés comme les vainqueurs incontestés.

Dans deux Etats, l’Assam et le Tamil Nadu, le BJP avait essayé de créer une coalition en s’associant des partenaires régionaux, une tentative qui ne l’a conduit au succès dans aucun des deux Etats. Dans l’Assam, associé au Asom Gana Parishad, le BJP n’a obtenu que 40 voix alors que la Parti du Congrès en remportait 70. La défaite a été particulièrement cuisante dans le Tamil Nadu où le BJP s’était allié au Dravida Munnetra Kazhakam (Front progressiste des Dravidiens, DMK). La coalition n’a pu s’assurer que 36 des 234 sièges de l’Assemblée législative de l’Etat. En face d’elle, s’étaient associés le parti du Congrès et le parti All India Anna Dravida Munnetra Kazhakam (AIADMK) présidé par Mme Jayalalitha, ancienne actrice, un moment ministre-président de l’Etat, poste auquel elle ne peut plus prétendre à cause de sa condamnation pour corruption. L’alliance ainsi formée a attiré l’immense majorité des voix et obtenu 234 sièges. C’est Mme Jayalalitha qui formé le gouvernement. L’archevêque de Madurai lui a envoyé ses vœux : “Puisse votre gouvernement satisfaire tous les secteurs de la société, particulièrement les minorités ! Dans une déclaration à l’agence de presse Ucanews, il a attribué la défaite du DMK à son association au BJP, parti nationaliste hindou. Un autre évêque de la région, Mgr Arul Das James de Madras-Mylapore, partage cet avis et voit dans les élections l’expression d’une volonté de rejet du BJP. Cette opinion est également celle de certains membres du BJP, comme le musulman Mukhtaar Abbas Naqvi, qui pensent que leur parti a perdu pour avoir échoué à inspirer confiance aux minorités.

Au Bengale occidental, la formation à laquelle s’était associé le BJP, loin d’avoir réussi à déloger le Front de la gauche dirigé par le Parti communiste, au pouvoir depuis 24 ans, n’a obtenu qu’un siège. Le Front a raflé les deux tiers des sièges, réussissant ainsi à garder le pouvoir. Le parti du Congrès a obtenu 86 des 294 sièges. Commentant les résultats dans le Bengale occidental, un évêque protestant de l’Eglise du Nord de l’Inde, Mgr P.S.P. Raju a conclu que si les communistes l’ont emporté une fois de plus, c’est parce qu’ils ont soutenu une conception laïque de la vie politique et ont aidé les pauvres à survivre au libéralisme économique. Au Kerala (1), le BJP a été inexistant, n’obtenant aucun siège, tandis que le Front de gauche, conduit par les communistes, ne se voyait attribuer que 40 sièges. Le grand vainqueur est le parti du Congrès avec 99 sièges. A Pondichéry, territoire dépendant du pouvoir fédéral, aucun siège n’est allé au BJP.

Une grande partie de la presse indienne, durant les jours qui ont suivi la proclamation des résultats, s’est plu à voir dans ces élections un message sans ambiguïté envoyé à la formation politique aujourd’hui au pouvoir. Ajit Kumar, analyste politique à Express, les a présentées comme une directive très claire émanant d’une population, aujourd’hui politiquement adulte.