Eglises d'Asie – Indonésie
Moluques : nouvelle flambée de violences à Amboine après l’arrestation du chef des Laskar Jihad
Publié le 18/03/2010
Cette nouvelle flambée de violences intervient, font remarquer les observateurs, alors que le chef du Laskar Jihad, Ja’far Umar Thalib, est toujours détenu à Djakarta (1). Son arrestation le 4 mai dernier a soulevé les protestations de plusieurs groupements musulmans extrémistes. Le responsable national de la police, Surojo Bimantoro, a précisé que les autorités indonésiennes ne se plieraient pas aux pressions qu’elles subissent en vue de le libérer. Toutefois, dès le 15 mai, Ja’far Umar Thalib a quitté le lieu où il était détenu pour être placé en résidence surveillée. Le lendemain, lors d’une interview donnée à la presse, il a déclaré que les charges retenues contre lui ne tenaient pas la route. Selon lui, la condamnation à mort et la lapidation d’un laskar jihad coupable de viol ont été prononcées par lui en accord avec les lois musulmanes et avaient été approuvées par M. Sanusi, président du Conseil des oulémas des Moluques ainsi que par d’autres responsables musulmans.
Le même jour, Mgr P. C. Mandagi, évêque catholique d’Amboine, donnait lui aussi une interview, réagissant à l’arrestation du chef du Laskar Jihad (2). Tout en respectant la personne de Ja’far Umar Thalib, l’évêque d’Amboine s’est montré très ferme, condamnant “les paroles et les actes” du chef des laskars qui ont causé un grand tort aux Moluquois. Mgr Mandagi a pris également soin de se démarquer de l’accusation de sympathie envers tout mouvement séparatiste militant pour l’indépendance des Moluques. Enfin, il n’a pas hésité à sous-entendre que les autorités civiles avaient une grande part de responsabilité dans les violences qui n’en finissent pas d’ensanglanter cette partie de l’Indonésie. Selon lui, le gouverneur, Saleh Latuconsina, n’est pas à la hauteur de la situation. En s’exprimant ainsi publiquement, Mgr Mandagi a donné un écho particulier à tous ceux qui voudraient voir Saleh Latuconsina partir et être remplacé par l’actuel gouverneur de la province des Moluques septentrionales, Muhyi Effendi, sous la direction de qui cette province est redevenue calme (3).