Eglises d'Asie – Vietnam
A l’occasion de la venue d’une délégation romaine à Hanoi, le secrétaire de la Conférence épiscopale du Vietnam dresse un tableau de la situation de l’Eglise catholique dans le pays
Publié le 18/03/2010
En premier lieu, il a évoqué le problème des nominations d’évêques, qui sera l’objet principal des discussions entre les représentants du Saint-Siège, Mgr Celestino Migliore, de la Secrétairerie d’Etat, et Mgr Barnabé Nguyên Van Phuong, de la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples, et les fonctionnaires des Affaires religieuses du gouvernement de Hanoi. Des propositions avaient été faites l’année dernière par la délégation romaine, qui n’avaient pas reçu de réponses du gouvernement. Les délégués du Vatican auront sans doute une réponse sur plusieurs de ces propositions. Mgr Lâm prévoit une réponse positive pour le diocèse de Bui Chu, le candidat proposé l’an dernier ayant été accepté par les autorités civiles. L’auxiliaire qui avait été proposé pour Hô Chi Minh-Ville ainsi que le coadjuteur présenté pour le diocèse de Phan Thiêt dans le Centre-Vietnam seraient eux aussi agréés par le gouvernement vietnamien. Il n’en est pas de même pour deux autres diocèses. A Hanoi, le désir du Saint-Siège depuis de nombreuses années est de voir Mgr Nguyên Van Hoa, évêque actuel de Nha Trang, occuper le poste de coadjuteur du cardinal, aujourd’hui âgé et de faible santé. Mais le Premier ministre s’est opposé à cette nomination que le cardinal avait soumis à son avis par écrit (1). Pour Hung Hoa, il existe une proposition du Saint-Siège à laquelle le gouvernement s’oppose en partie et qui ne fait pas l’unanimité dans l’Eglise. Selon le secrétaire de la Conférence épiscopale, la délégation romaine devrait proposer de nouveaux candidats pour Hung Hoa et pour Hai Phong, aujourd’hui sans évêque.
Mgr Lâm a également abordé la question des séminaires. On sait que la Conférence épiscopale voudrait voir deux nouveaux séminaires ajoutés aux six qui fonctionnent à l’heure actuelle. Les deux nouveaux établissements devraient se présenter, selon les évêques, comme des établissements annexes des séminaires de Hô Chi Minh-Ville et de Hanoi. L’un serait établi à Xuân Lôc, au sud, et le second dans le diocèse de Thai Binh, au nord. Selon le secrétaire de la Conférence épiscopale, un accord aurait déjà eu lieu entre les évêques et le gouvernement central pour le séminaire de Xuân Lôc. Cependant, des difficultés subsisteraient à ce sujet entre les autorités centrales et les autorités régionales, difficultés qui ne sont pas encore surmontées aujourd’hui. Pour le séminaire supplémentaire de Thai Binh au Nord-Vietnam, les autorités ont répondu qu’elles étudieraient l’éventualité de cette création lorsque les problèmes de Xuân Lôc auront été réglés. Mgr Lâm a souhaité que soit mis un terme au recrutement une année sur deux pour les séminaires et au chiffre limité de candidats imposé par l’Etat. Un diocèse comme Thanh Hoa, celui de Mgr Lâm, n’a droit qu’à douze candidats tous les deux ans. Mais lorsque les autorités ont exercé leur contrôle sur la liste des personnes proposées, il arrive qu’il n’en reste que huit.
Interrogé sur le projet d’ordonnance sur la religion, pour lequel la contribution des prêtres et des évêques avait été réclamée (2), Mgr Lâm a révélé que la Conférence épiscopale avait déjà envoyé son avis aux autorités compétentes et qu’elle attendait une réponse qui devait sans doute venir ces jours-ci. Pour les évêques, l’important est que les Eglises se voient reconnu le titre de “personnes morales” avec la liberté d’agir attachée à ce titre, et qu’elles puissent ainsi échapper au cercle infernal des demandes et des autorisations. Sur l’affaire du P. Nguyên Van Ly, Mgr Lâm s’est montré prudent. Il a mis en relief la difficulté pour un individu d’entreprendre seul une lutte pour la liberté religieuse. Selon lui, ce problème pourrait être traité par la Conférence épiscopale, à condition que l’évêque de Huê en manifeste le désir.