Eglises d'Asie

Grâce à un dispositif qu’elles ne cessent de perfectionner, les autorités contrôlent étroitement l’accès aux sites Internet

Publié le 18/03/2010




Selon Huw Watkin, correspondant du South China Morning Post à Hanoi (1), le 31 mai, les autorités ont coupé pendant plus de cinq heures les liaisons Internet avec l’étranger. Cette coupure a provoqué quelques inquiétudes chez tous ceux qui souhaitent une plus grande ouverture de la société civile et un plus grand engagement du pays dans l’économie informatisée.

Les inquiétudes viennent moins de la panne en elle-même que des raisons qui en ont été donnée par le principal fournisseur d’accès à Internet, contrôlé par l’Etat et couvrant plus de 30 % des communications électroniques du pays. Selon son porte-parole, les cinq fournisseurs d’accès, aujourd’hui en activité dans le pays, ont dû arrêter provisoirement leur activité pour permettre aux techniciens gouvernementaux de mettre à jour les dispositifs “coupe-feu” (firewall) destinés à empêcher l’accès des particuliers aux sites web diffusant de la propagande anti-socialiste. Seuls les services gouvernementaux comme les ministères de l’Intérieur ou des Affaires étrangères ne sont pas concernés par les dispositifs mis en place, et jouissent d’un accès direct aux fournisseurs de services étrangers par le moyen des lignes téléphoniques internationales.

Cependant, un fonctionnaire employé à l’Institut vietnamien des technologies de l’information a démenti le caractère politique de la mesure. La remise à jour des dispositifs “coupe-feu” n’a rien avoir avec la censure, a-t-il affirmé. Cette amélioration des systèmes aurait été rendue nécessaire après que des pirates informatiques indigènes se soient très sérieusement attaqués à différents sites du pays. En avril dernier, les télécommunications vietnamiennes ont mené une enquête sur une vague d’attaques électroniques ayant laissé des centaines d’abonnés avec de prodigieuses factures de téléphone.

Les dispositifs “coupe-feu” du gouvernement ralentissent aujourd’hui l’accès des sites Internet et sont l’objet d’un débat social très vif, d’autant plus qu’un plan de renforcement du réseau Internet au Vietnam a reçu l’approbation du gouvernement à la fin du mois de mai. Récemment, au moment de la tenue du 9ème Congrès du Parti communiste, les divers sites jusque là interdit s’étant miraculeusement ouverts aux usagers vietnamiens, certains observateurs avaient cru un moment que les dispositifs destinés à bloquer l’accès aux sites idéologiquement nocifs étaient destinés à disparaître. Cela n’a pas été le cas. Un expert étranger des technologies de l’information s’est déclaré persuadé que les perpétuelles tentatives du gouvernement pour contrôler l’accès à Internet reflètent sa crainte que celui-ci ait des conséquences négatives sur le plan politique. Cette crainte ira sans doute en décroissant. Mais en attendant, dans la course aux technologies nouvelles, le Vietnam se trouve en queue de peloton.

Il y a actuellement une vingtaine de sites au Vietnam avec environ 100 000 abonnés.