Eglises d'Asie

Selon un responsable du Jesuit Refugee Service, les réfugiés est-timorais qui se sont massivement prononcés pour rester en Indonésie ont été manipulés par les milices pro-indonésiennes

Publié le 18/03/2010




Selon les chiffres donnés par les autorités indonésiennes, 98,02 % des réfugiés est-timorais appelés à se prononcer le 6 juin dernier (1) sur leur éventuel rapatriement au Timor-Oriental ou leur installation définitive sur le territoire indonésien ont voté pour demeurer en Indonésie. Commentant ces résultats, le P. Edi Mulyono, responsable du Jesuit Refugee Service au Timor occidental, a déclaré que, bien qu’il n’y ait pas eu de signes visibles d’intimidation physique par les milices pro-indonésiennes le jour du vote, les responsables des camps et les chefs des milices ont contrôlé la plus grande part de l’information à laquelle avaient accès les réfugiés. La plupart de ceux-ci étaient laissés dans l’ignorance des conséquences réelles de leur choix.

Selon le P. Mulyono, de nombreux réfugiés ont voté pour rester en Indonésie bien que leur souhait profond est de retourner au Timor-Oriental. Ils ont voté ainsi car il leur a été dit que les élections du 30 août prochain au Timor-Oriental seront marquées par la violence (2). Par ailleurs, dans de nombreux bureaux de vote, le système de marquage des votants était soit inefficace, soit inexistant, permettant ainsi à une même personne de passer plusieurs fois dans l’isoloir. Au Timor-Oriental, Sergio Vieira de Mello, chef de l’UNTAET, l’organisme des Nations Unies chargé d’organiser l’accession concrète du Timor-Oriental à l’indépendance, a exprimé des doutes quant à la transparence de cette consultation électorale : “Etant donné le climat de coercition dans lequel ont vécu les réfugiés ces derniers 20 mois, l’UNTAET ne considère pas le résultat de ce vote comme reflétant les réels et définitifs desiderata des réfugiés”.

A Djakarta, les autorités indonésiennes ont démenti que les réfugiés aient subi des pressions. Dans le Jakarta Post, Piet Tallo, gouverneur de la province du Timor occidental, s’est contenté de déclarer que sa province ne pourrait organiser la réinstallation que d’un huitième des 115 540 réfugiés qui ont opté pour rester en Indonésie, les sept huitièmes restant devant se préparer à être transférés ailleurs dans le pays. Aucune destination, ni aucune date n’ont cependant été précisées quant à ces éventuels transferts. Les observateurs font remarquer qu’il ne sera pas facile de trouver une terre d’accueil pour ces réfugiés alors que l’Indonésie abrite déjà plus de un million de personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières. Quant aux 1 250 réfugiés qui ont demandé à être rapatriés au Timor-Oriental, aucune information n’a été communiquée quant à la date et aux modalités de leur retour dans leur patrie. Dans le Jakarta Post, Xanana Gusmao, figure emblématique du Timor-Oriental indépendant, a déclaré que le Timor-Oriental “restera ouvert à tous ceux qui souhaiteraient revenir chez eux. Nous les accepterons et ne leur causerons aucun tort”.