Eglises d'Asie

Trente-sept prêtres du clergé de Huê affirment leur soutien aux religieux bénédictins de Thiên An, dépouillés de leurs terres

Publié le 18/03/2010




Les autorités gouvernementales ne sont pas revenues sur leur décision de s’approprier la majorité des terres du monastère bénédictin de Thiên An (49,599 hectares), près de Huê, au profit du “Service du tourisme de l’ancienne capitale qui est chargé d’y implanter un centre de loisirs et de distractions. Depuis qu’ils ont été avertis de la décision de confiscation (1), le 27 avril 2000, les religieux du monastère ont envoyé plusieurs lettres de protestation aux plus hautes autorités du pays. La dernière lettre, signée du supérieur du monastère, Etienne Huynh Quang Sanh, avait été envoyée au Premier ministre le 30 mars dernier. Elle faisait suite à des travaux préparatoires des Ponts et Chaussées en vue d’ouvrir des chemins publics sur le domaine du monastère (2).

L’agence de presse Vietcatholic News (3) vient de signaler l’existence d’une lettre de soutien aux religieux bénédictins, écrite le 29 avril dernier et signée par 37 prêtres de Huê, soit une bonne moitié du clergé du diocèse. La lettre est adressée au supérieur du monastère Thiên An pour exprimer la communion et la solidarité des signataires avec la lutte des religieux pour sauvegarder le domaine du monastère. Elle souligne en particulier leur accord avec la dernière lettre de protestation envoyée par le supérieur de l’abbaye au Premier ministre. Pour les prêtres de Huê, il ne fait pas de doute que les terrains accaparés par le “Service du tourisme de l’ancienne capitale” sont la “propriété privée” du monastère. Les prêtres approuvent, dans leur ensemble, les nombreuses lettres de protestation envoyées aux diverses autorités, avec persévérance et dans le respect de la loi. Les signataires déplorent que, malgré cela, le service de tourisme n’en continue pas moins son usurpation des terrains du monastère, en violation de la propriété privée et en infraction avec la loi.

Dans leurs protestations précédentes, les religieux de Thiên An avaient réclamé leurs droits en s’appuyant sur des titres de propriété irréfutables, titres qui, immédiatement après le changement de régime, avaient été reconnus par les nouvelles autorités révolutionnaires. Ils avaient ajouté qu’en leur enlevant ces terres les autorités privaient de leurs moyens de subsistance des religieux, obligés par leur règle à vivre de leur travail. Sur le terrain confisqué par la récente décision gouvernementale se trouvent, en effet, une orangeraie célèbre dans toute la région par la qualité de ses fruits, un jardin potager et un ensemble de prés destinés à l’élevage d’un troupeau de vingt-huit têtes. D’authentiques travailleurs se trouvent ainsi frustrés d’un domaine qu’ils ont entièrement créé de leurs mains.

Déjà, dans une lettre de soutien envoyée le 11 juillet dernier à la communauté bénédictine, un groupe de prêtres de Huê avait fait remarquer que l’intervention des autorités ne s’imposait pas et qu’elle était dommageable pour toute la population de Huê. En effet, grâce au labeur des religieux, la colline plantée de pins de Thiên An était devenue non seulement un lieu de ressourcement spirituel mais aussi un endroit où chacun pouvait venir se délasser librement et sans bourse délier. Ce qui ne sera pas le cas pour le parc de loisirs dont la création nécessitera l’abattage de nombreux arbres et qui sera inaccessible aux visiteurs non fortunés.