Eglises d'Asie – Philippines
A Tripoli, en Libye, les émissaires du gouvernement philippin et du Front moro islamique de libération ont signé un “cessez-le-feu total”
Publié le 18/03/2010
L’accord signé à Tripoli a été négocié par le vice-président et ministre des Affaires étrangères, Teofisto Guingona, pour la partie gouvernementale philippine, et par Mohamad Murad, chef militaire et numéro deux du MILF. Il prévoit une cessation immédiate des hostilités armées. Le MILF a renoncé à revendiquer l’“autodétermination” de Mindanao ou d’une partie de Mindanao contre l’assurance de voir ses “aspirations à la liberté” reconnues. Il est également prévu que les habitants déplacés par les combats soient réintégrés sur leur lieu d’habitation originel et que les zones sous contrôle du MILF bénéficient d’un soutien économique. Le camp Abubakar, principale base du MILF tombée aux mains de l’armée il y a quelques mois, restera sous le contrôle des autorités de Manille, mais le MIFL continuera d’occuper plusieurs autres camps au centre de Mindanao. Le cessez-le-feu restera en vigueur jusqu’à ce que les deux parties en présence aient résolu ensemble leurs désaccords politiques.
Après l’accord conclu en septembre 1996 entre Nur Misuari, chef du Front moro de libération nationale (MNLF), et le président Fidel Ramos – accord qui prévoyait la création d’une région autonome musulmane à Mindanao – (3), le cessez-le-feu conclu à Tripoli met fin à la dernière véritable insurrection armée et structurée musulmane dans le sud de l’archipel philippin. Les agissements du groupe Abu Sayyaf, que ce soit à Jolo ou en ce moment sur l’île de Basilan, relève en effet, selon les observateurs, plus du banditisme que d’un mouvement sécessionniste musulman structuré. La paix pourtant restera fragile tant qu’un accord politique global ne sera pas signé, estiment encore ces observateurs qui rappellent qu’à plusieurs reprises des négociations de paix entre le gouvernement philippin et le MILF ont échoué (4).