Eglises d'Asie

A Tripoli, en Libye, les émissaires du gouvernement philippin et du Front moro islamique de libération ont signé un “cessez-le-feu total”

Publié le 18/03/2010




Le 22 juin, à Tripoli, en Libye, après trois jours de négociations, les émissaires du gouvernement philippin et ceux du Front moro islamique de libération (MILF), principal mouvement séparatiste musulman actif à Mindanao, dans le sud des Philippines, ont signé un “cessez-le-feu total et prenant effet immédiatement”, dans l’attente d'”un règlement politique complet”. Le porte-parole de la présidence philippine a précisé qu'”une équipe d’observateurs formée de représentants malaisiens, libyens et indonésiens supervisera l’application du cessez-le-feu”. Selon les observateurs, la signature de ce cessez-le-feu apparaît comme une victoire politique de taille pour la présidente Gloria Macapagal-Arroyo qui avait, dès son arrivée au pouvoir en février dernier, ordonné à l’armée de mettre fin aux opérations militaires menées contre ce mouvement séparatiste musulman qui revendique 12 500 hommes en armes sous ses ordres (1). Des responsables gouvernementaux philippins ajoutent que cet accord va permettre de libérer des troupes pour combattre les rebelles du groupe Abu Sayyaf qui, sur l’île de Basilan, tiennent en échec l’armée depuis plus de quatre semaines dans une nouvelle affaire de prise d’otages (2).

L’accord signé à Tripoli a été négocié par le vice-président et ministre des Affaires étrangères, Teofisto Guingona, pour la partie gouvernementale philippine, et par Mohamad Murad, chef militaire et numéro deux du MILF. Il prévoit une cessation immédiate des hostilités armées. Le MILF a renoncé à revendiquer l’“autodétermination” de Mindanao ou d’une partie de Mindanao contre l’assurance de voir ses “aspirations à la liberté” reconnues. Il est également prévu que les habitants déplacés par les combats soient réintégrés sur leur lieu d’habitation originel et que les zones sous contrôle du MILF bénéficient d’un soutien économique. Le camp Abubakar, principale base du MILF tombée aux mains de l’armée il y a quelques mois, restera sous le contrôle des autorités de Manille, mais le MIFL continuera d’occuper plusieurs autres camps au centre de Mindanao. Le cessez-le-feu restera en vigueur jusqu’à ce que les deux parties en présence aient résolu ensemble leurs désaccords politiques.

Après l’accord conclu en septembre 1996 entre Nur Misuari, chef du Front moro de libération nationale (MNLF), et le président Fidel Ramos – accord qui prévoyait la création d’une région autonome musulmane à Mindanao – (3), le cessez-le-feu conclu à Tripoli met fin à la dernière véritable insurrection armée et structurée musulmane dans le sud de l’archipel philippin. Les agissements du groupe Abu Sayyaf, que ce soit à Jolo ou en ce moment sur l’île de Basilan, relève en effet, selon les observateurs, plus du banditisme que d’un mouvement sécessionniste musulman structuré. La paix pourtant restera fragile tant qu’un accord politique global ne sera pas signé, estiment encore ces observateurs qui rappellent qu’à plusieurs reprises des négociations de paix entre le gouvernement philippin et le MILF ont échoué (4).