Eglises d'Asie

Au cours d’un forum interreligieux, un catholique est contraint de présenter ses excuses pour avoir osé évoquer les visées politiques de certains musulmans

Publié le 18/03/2010




Un intellectuel qui soutenait qu’une promulgation de la loi islamique pourrait être détournée à des fins politiques a dû présenter ses excuses pour avoir osé formuler une telle assertion au cours d’un séminaire interreligieux qui se tenait dans l’est de l’Indonésie. Markus Halik parlait devant 260 personnes au cours d’un séminaire de deux jours, les 28-29 mai dernier, pour expliquer que les expériences faites dans d’autres pays où la charia avait été promulguée pouvaient aider les Indonésiens à ne pas “se laisser enfermer dans un choix qui pourrait aller jusqu’à détruire la fraternité de notre société”. “Quoique cette loi soit bonne sur le papier, des groupes et des personnes peuvent interférer dans ses applications”, a expliqué Halik au cours de ce séminaire consacré au rôle des responsables religieux dans le processus de paix. L’incident s’est passé à Makassar, dans la province des Célèbes méridionales.

“Nous devons prendre garde aux rumeurs qui courent à propos d’une proclamation éventuelle de la loi islamique dans ce bastion musulman qu’est le sud des Célèbes, parce que cela peut faire partie d’un mouvement organisé par un parti politique», a précisé Halik. Il a ensuite appelé les participants représentant les bouddhistes, les catholiques, les hindous, les musulmans et les protestants à s’en tenir fermement aux cinq principes du pancasila qu’il a qualifié de “piliers” de l’Indonésie : “Le pancasila est la seule base nationale qui puisse rassembler les citoyens de toutes les confessions dans ce pays où se côtoient toutes les religions” (1Halik a aussi expliqué comment les catholiques percevaient les autres religions. L’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est “vrai et saint dans les autres religions”, citant Nostra aetate (Déclaration du Concile Vatican II sur les relations de l’Eglise avec les autres religions).

Cependant, un participant de l’Institut de la religion islamique du Makassar s’est durement opposé aux assertions d’Halik à propos d’une promulgation éventuelle de la loi islamique dans le sud des Célèbes qui ferait partie d’une manœuvre politique. Jallaludin Rahman a déclaré : “Que ce soit une manœuvre politique ou non, vous n’êtes pas compétent pour en parler. Vous n’en avez pas le droit parce que vous n’êtes pas musulman”. Rahman s’adressant à Halik a exigé qu’il demande immédiatement pardon aux musulmans présents, ce que celui-ci a fait. Sylvester Pantur, qui représentait l’Association catholique des étudiants de Makassar, a rencontré des journalistes le 28 mai : “La tension aurait pu être évitée si les responsables religieux présents avaient eu la même intention de vouloir changer la situation (de discorde)”.