Eglises d'Asie

Des théologiennes indiennes se réunissent pour la première fois et décident de mettre fin au monopole masculin en théologie

Publié le 18/03/2010




Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise en Inde, du 7 au 8 juin dernier, au nombre de 23, des théologiennes catholiques de l’Inde ont tenu leur assemblée dans la ville de Pune à l’ouest de l’Inde. Dès le début de leurs travaux, une constatation s’est imposée à elles, à savoir la domination masculine pratiquement absolue qui règne dans le domaine de la théologie en Inde. “Nous luttons contre la marginalisation constante et persistante imposée aux femmes dans l’Eglise dit le communiqué final de ce premier rassemblement.

Les participantes se sont dites heurtées en premier lieu par le petit nombre de femmes travaillant officiellement dans le domaine de la réflexion théologique, mais aussi par leur absence presque complète à l’intérieur des instances chargées de prendre des décisions importantes à l’intérieur de l’Eglise. Cette première lacune en matière de personnel va de pair avec une autre carence également grave, le manque de toute perspective féminine à l’intérieur des principaux courants qui forment la théologie indienne moderne.

Face à ce que les participantes de l’assemblée ont appelé “une aberration les théologiennes indiennes ont voulu se donner les moyens d’y remédier en déterminant les objectifs à poursuivre et en créant une institution capable d’accélérer le développement de la théologie dans une perspective féminine. C’est ainsi que la mise en place d’un forum des femmes théologiennes a été décidée. Le forum s’efforcera de trouver les moyens susceptibles de créer et d’accroître la solidarité féminine, et en même temps de faire naître et se développer une théologie enracinée dans la vie des femmes du pays.

D’ores et déjà, l’assemblée a désigné un certain nombre de moyens susceptibles de mettre en œuvre l’orientation souhaitée. A la base, un dialogue s’impose qui aura pour partenaires principaux, les théologiens, le clergé, la hiérarchie catholique, et, surtout, les autres femmes. La réflexion théologique féminine, appuyée sur de tels fondements, devra déboucher sur la publication d’articles, de livres, d’études sur le droit canonique, autant de productions qui devront contribuer à l’introduction d’une perspective propre aux femmes indiennes dans la théologie du pays.

Une des premières tâches des enseignantes en théologie devrait être d’explorer ce que les participantes de l’assemblée ont appelé “leur responsabilité théologique” dans le cadre social où les femmes sont placées. Ce cadre est décrit par elles comme un conditionnement social qui les enferme dans un système patriarcal. La piété qui leur est imposée comme unique et essentielle attitude religieuse reflète leur assujettissement sans aucun esprit critique aux normes et aux perspectives masculines.

Les théologiennes à Pune ont également affirmé leur engagement militant dans le grand combat de la libération des femmes en Inde. Celles-ci, selon elles, sont les principales victimes des forces en œuvre aujourd’hui dans le monde. La mondialisation qui a marginalisé les pauvres, la promotion de la culture unique, la discrimination des sexes par les traditionalistes et, en particulier, par les fondamentalismes de toute espèce, ont contribué à faire des femmes indiennes les plus pauvres des pauvres d’aujourd’hui.

L’organisatrice de cette assemblée était Virginia Saldanha, qui est également secrétaire du Bureau des laïcs auprès de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC). Cette initiative lui avait été inspirée, a-t-elle déclaré, par des recommandations de commissions de la FABC. Elle était également souhaitée par la Commission des femmes auprès de la Conférence épiscopale indienne, commission dont elle est la responsable.