Eglises d'Asie

Le niveau d’instruction et de culture des catholiques des zones rurales du Nord-Vietnam est en constante élévation

Publié le 18/03/2010




Au tout début des années 1990, les enquêtes officielles gouvernementales relevaient régulièrement, non sans quelque intention cachée, le bas niveau d’instruction des catholiques habitant les zones rurales du Nord-Vietnam (1), ce qui était loin d’être le cas des milieux catholiques du Sud-Vietnam où le niveau culturel moyen se situait largement au-dessus de la moyenne (2). Cependant, grâce à une prise de conscience progressive, cette situation, dont les causes réelles relèvent d’une analyse fine et nuancée, a commencé à changer. Evêques et clergé sont à l’origine d’un retournement de tendance assez spectaculaire qui s’est opéré ces dernières années dans le domaine de la formation et de l’éducation des jeunes. Un peu partout, dans les diocèses du Nord-Vietnam, se manifeste un grand appétit d’instruction et de diplômes. De plus en plus, les familles catholiques reconnaissent l’importance d’un degré élevé d’éducation pour l’avenir de leurs enfants et s’efforcent, malgré leur pauvreté, de leur assurer quelques années d’études secondaires ou supérieures.

Cette prise de conscience qui a sa source dans les exhortations incessantes des responsables paroissiaux – des consignes ont même été données à ce sujet par la Conférence épiscopale du Vietnam – vient d’être soulignée par un laïc de l’archidiocèse de Hanoi dans des confidences faites à ce sujet à l’agence Ucanews. Diplômé de l’université des Sciences orientales à Hanoi, Nguyên Van Hinh, avec quelques autres, se préoccupe de ce problème. Il témoigne du changement de mentalité dans les milieux catholiques ruraux. Les parents, a-t-il dit, s’inquiètent aujourd’hui des études de leurs enfants. Ils savent que ceux-ci ne pourront progresser dans la société d’aujourd’hui et la servir sans un certain bagage de connaissances. Cette nouvelle vision des choses est, selon lui, le fruit des efforts accomplis au niveau des paroisses. Hinh se souvient que, ces dernières années, les responsables des diocèses et les curés de paroisse ont constamment rappelé aux fidèles la nécessité de laisser leurs enfants poursuivre des études secondaires et universitaires.

Selon des statistiques recueillies à l’occasion d’un récent rassemblement de jeunes de l’archidiocèse, quelque 3 000 jeunes catholiques poursuivent aujourd’hui leurs études dans les universités et les établissement d’études supérieures de la capitale. Ce chiffre est au moins cinq fois plus élevé que celui du début des années 1990, époque où les étudiants catholiques à Hanoi ne dépassaient pas le nombre de 600. Le P. Jean Vu Tât, enseignant au grand séminaire de Hanoi, s’est dit persuadé que, dans l’avenir, le nombre d’étudiants catholiques devrait progresser de 100 à 200 personnes par ans. Le P. Nguyên Trung Thoai, responsable de la formation profane et religieuse des séminaristes du diocèse de Hung Hoa, a fait remarquer que le développement économique en œuvre dans le pays depuis quelques années a contribué à pousser les jeunes catholiques vers les écoles et les universités par espoir d’une promotion sociale. Une autre cause importante de l’accroissement du nombre des étudiants catholiques est le nombre sans cesse plus élevé de candidats au grand séminaire, auxquels les diocèses réclament un niveau d’études correspondant au moins au baccalauréat. Selon le P. Thoai, pour tout l’archidiocèse de Hanoi, sur les 3 000 étudiants catholiques, au moins 700 sont candidats au séminaire, alors que le gouvernement ne permet à chaque diocèse d’accueillir que 5 à 10 nouveaux séminaristes tous les deux ans.

Pour les familles rurales de la région de Hanoi, particulièrement dans certains diocèses montagneux comme celui de Hung Hoa, assurer les études universitaires de leurs enfants est une tâche financière au-dessus de leurs forces. C’est le cas par exemple pour la famille de Joseph Tran Tiên Quang, étudiant à l’université des Sciences de la construction à Hanoi. Celle-ci, qui doit assurer la subsistance de sept personnes, consacre de plus une bonne partie de ses ressources à subvenir aux frais d’études d’un enfant étudiant. Selon Quang, beaucoup d’étudiants sont incapables de se procurer les 400 000 dôngs (27 dollars) qui leur sont nécessaires chaque mois. Les frais d’études dans les universités sont très élevés et les loyers de Hanoi souvent hors de prix : 200 000 dôngs pour une simple chambre et 70 000 dôngs pour une place dans une chambre commune de 5 à 10 personnes. Le diocèse de Hung Hoa accorde aux étudiants catholiques une bourse mensuelle de 10 000 dôngs. Mais certains diocèses préfèrent donner la priorité à la subsistance des étudiants qui se destinent au sacerdoce.