Eglises d'Asie

Les chrétiens prient pour la réussite des prochains pourparlers de paix entre l’Inde et le Pakistan

Publié le 18/03/2010




L’invitation à des pourparlers de paix, lancée au général Pervez Musharraf, par le Premier ministre indien, Atal Behari Vajpayee, au mois de mai dernier, a reçu une approbation sans faille des divers milieux chrétiens de l’Inde. Cette rencontre qui devrait avoir lieu, du 14 au 16 juillet, dans la ville d’Agra, cité de l’Etat d’Uttar Pradesh où se trouve le Taj Mahal, l’un des monuments les plus connus et visités de l’Inde, a relancé dans la population l’espoir de voir se régler dans un proche avenir le différend qui oppose l’Inde et le Pakistan au sujet du Cachemire, différend qui, depuis la proclamation de l’indépendance des deux Etats en 1947, empoisonne leurs relations. Dans la plupart des diocèses de l’Inde, les évêques ont convié les paroisses à organiser des sessions de prière pour le succès de la rencontre. Le 18 juin, Mgr Karam Masih, évêque de l’Eglise (protestante) de l’Inde du Nord à Delhi, a rejoint les dirigeants religieux hindous et sikhs pour des prières interreligieuses à cette intention. Ce jour-là, un communiqué commun des différentes religions affirmait solennellement que l’Inde et le Pakistan partageaient la même culture et appartenaient à la même race. Aucune raison ne justifiait la guerre qui oppose les deux pays. Pour sa part, le représentant de la Conférence épiscopale catholique, le P. D’Souza, a déclaré que l’Eglise catholique ne cesserait de prier à cette intention.

La reprise des pourparlers le 14 juillet prochain aura lieu après une longue interruption de plus de deux ans. La guerre de 40 jours, de mai à juillet 1999, avait mis, en effet, un terme provisoire aux négociations de paix. Les nouveaux entretiens auront pour tâche de trouver une solution au conflit qui oppose les deux pays au sujet du Cachemire. Depuis cette date, le Cachemire constitue entre eux une cause permanente de guerre. Ce petit Etat à majorité musulmane est à l’origine de la première guerre indo-pakistanaise qui s’est achevée, en 1949, par sa division en un Cachemire pakistanais (Azad Cachemire et Territoires du Nord), intégré sans trop de difficultés au Pakistan, et un Cachemire indien (Jammu-et-Cachemire) dont l’insertion dans l’Union indienne s’avère plus problématique. Deux nouvelles guerres indo-pakistanaises, en 1965 et en 1971, ne sont pas parvenues à modifier la frontière de facto entre les deux Cachemires. Au cours de la décennie passée, les séparatistes islamistes du Cachemire ont encore radicalisé leurs revendications et leur lutte. Une espèce de guerre permanente s’est installée qui a atteint un haut degré d’intensité au mois de mai 1999. Le conflit a fait jusqu’ici plus de 60 000 morts. L’Inde accuse le Pakistan d’encourager le terrorisme au Cachemire, tandis que le Pakistan prétend que l’Inde cherche à réduire le plus possible la population musulmane du Pakistan qui veut ou bien rejoindre le Pakistan ou devenir indépendante.

Malgré l’intérêt porté par les dirigeants religieux à la prochaine initiative de paix, un certain nombre d’observateurs ne pensent pas que le prochain sommet entre les deux dirigeants politiques puisse déboucher sur des résultats immédiats. Pour un ancien Haut-Commissaire de l’Inde au Pakistan, G. Parthasarathy, la rencontre ne pourra avoir de conséquence immédiate, mais cela pourrait être le début d’un long processus de paix. Une personnalité indienne engagée dans les pourparlers de paix estime que, pour le moment, le programme des négociations est peu clair, l’Inde désirant qu’il soit précis, le Pakistan préférant qu’il reste informel.

Depuis le 20 juin, un élément nouveau doit être ajouté aux données actuelles, qui donne une nouvelle autorité au général Pervez Musharraf. Celui-ci qui, depuis le coup d’Etat d’octobre 1999, détenait déjà l’essentiel des pouvoirs au Pakistan en tant que chef de l’exécutif, vient d’accéder à la magistrature suprême dans son pays, après que l’ancien président Mohamed Rafiq Tarar eut cessé d’exercer ses fonctions. Auparavant le général avait dissous l’Assemblée nationale ainsi que les assemblées provinciales et amendé la Constitution promulguée par lui-même après le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir. La presse pakistanaise a commenté ce changement à la tête du pays en expliquant qu’elle donnerait une meilleure stature au chef d’Etat pakistanais, lors du sommet indo-pakistanais. Du côté indien, on se prépare à recevoir le nouveau président avec le cérémonial dû à son rang.