Eglises d'Asie – Inde
Les évêques catholiques du Kerala mettent en garde contre certains animateurs de retraites du Renouveau charismatique
Publié le 18/03/2010
… à la foi catholique et à la théologie traditionnelle. Le 15 juin suivant, le même Conseil épiscopal, dans un communiqué publié séparément, interdisait à Thomas Scaria, un catholique évangéliste, de continuer à organiser des retraites ou d’autres réunions du même type dans les paroisses sous la juridiction des évêques composant le conseil, à savoir les 27 diocèses du Kerala, appartenant aux trois rites catholiques de l’Inde, latin, syro-malabar, syro-malankara.
Commentant cette dernière décision des évêques, le secrétaire de la Commission épiscopale de l’éducation, le P. Joseph Puthenkulam, a expliqué que l’animateur des retraites du Renouveau avait été l’objet de sanctions en raison des superstitions qu’il répandait chez les fidèles, concernant la vie après la mort, et du vocabulaire agressif utilisé par lui à l’égard des autres religions. Selon certains responsables catholiques, la doctrine enseignée par ce prédicateur concernant la communion des vivants avec les morts est particulièrement éloignée de l’enseignement traditionnel de l’Eglise. Selon lui, grâce à l’aide du Saint-Esprit, il est possible d’entrer en communication avec les ancêtres défunts, d’exercer sur eux une véritable influence et d’être affecté par les effets de leur présence parmi nous. Cependant, ces accusations ont été violemment rejetées par le prédicateur charismatique dont les bureaux se trouvent dans le diocèse syro-malabar de Kothamangalam. Il a qualifié l’interdiction dont il est l’objet d’immorale et irréligieuse. Il affirme que son enseignement est fondé sur la Bible et sur Jésus-Christ et que ceux qui le qualifient de superstitieux ont “oublié les réalités de la Bible”.
En réalité, la mise en garde des évêques du Kerala va bien au-delà de la personnalité particulière du prédicateur évangélique et a pour objectif d’alerter les fidèles sur un certain nombre de dérives dogmatiques qui se font jour ici et là au sein du mouvement charismatique aujourd’hui en plein développement dans la région. Le communiqué épiscopal du 7 juin mentionne que quelques-uns des animateurs de retraite du Renouveau, par manque de compétence, s’appuient dans leurs exposés spirituels sur des interprétations erronées de la Bible. Cela apparaît d’autant plus grave aux évêques de la région que le mouvement a pris aujourd’hui une ampleur considérable. A l’intimité des petites réunions charismatiques des années 1970 ont succédé, depuis les années 1990, des rassemblements géants avec prédications, prières communes et séances de guérison. Depuis les années 1990, le “Centre de retraite divine” de Naickomparambil, près de Thrissur, tenu par des prêtres de la Congrégation de Saint Vincent (1), connaît un succès qui ne se dément pas. Ses retraites prêchées en six langues indiennes et s’adressant aux fidèles de toutes les religions attirent en moyenne, chaque semaine, une dizaine de milliers de participants, venant de tout le pays. De nombreux retraitants disent avoir été guéris de leurs maladies.
La réussite du “Centre de retraite divine” a entraîné l’éclosion d’un certain nombre d’autres centres qui, eux aussi, promettent la guérison physique et spirituelle. Depuis dix ans, les équipes d’évangélistes et les centres de retraite se sont multipliés, a fait remarquer Mgr Daniel Achareparambil, président du Conseil épiscopal du Kerala, et quelques-uns entraînent les laïcs sur des voies erronées. En conséquence, les évêques du Kerala ont éprouvé le besoin de prendre leurs distances vis-à-vis de la spiritualité de quelques évangélistes et de mettre en garde les fidèles contre les superstitions qui se mêlent à l’enseignement et aux pratiques de certains de ces rassemblements charismatiques. Ils ont demandé aux paroisses de consulter les responsables diocésains avant d’inviter des animateurs pour leurs sessions de prière et leurs retraites.