Eglises d'Asie

Face aux menaces des maoïstes, la Conférence des religieux du Népal appelle à plus d’unité et de coopération afin d’éviter la fermeture, une à une, des écoles catholiques

Publié le 18/03/2010




La Conférence des religieux du Népal (CRN) demande que tous ses membres s’unissent face aux menaces réitérées des maoïstes de fermer définitivement les écoles privées du pays (1). Les douze représentants de la CRN invitent le clergé, tant diocésain que religieux, “à bien appréhender ce qu’est notre mission commune dans l’Eglise et dans le contexte culturel népalais et ses réalités présentes”. Publié le 31 mai dernier à la suite de la fermeture forcée de trois écoles catholiques dans le district de Gorkha, le communiqué de la CRN se veut l’expression de la ferme résolution des instituts catholiques du pays à lutter contre la discrimination et à œuvrer sans relâche pour la réconciliation et le service des pauvres.

A la fin du mois de mai dernier, les religieuses japonaises des Sœurs des écoles de Notre-Dame ont quitté le pays après avoir été contraintes de fermer leur école située dans le village de Bandipur, à 150 km à l’ouest de Katmandou. Certaines d’entre elles sont revenues au début du mois de juin pour tenter de rouvrir leur établissement, en vain, et elles se sont résignées à quitter définitivement le pays le 22 juin. Dans le même district de Gorkha, deux autres écoles catholiques, l’une de filles, l’autre de garçons, ont également dû fermer. Les religieux responsables de l’école de garçons ont quitté le pays et, selon Mgr Anthony Sharma, préfet apostolique du Népal, les religieuses responsables de l’école de filles essaient de rouvrir leur établissement “bien que le déploiement de l’armée dans la zone constitue un sérieux défi”.

Selon des sources de l’Eglise catholique, plus de 150 écoles privées ont été contraintes de fermer à travers tout le pays depuis l’an dernier et on s’attend à d’autres fermetures. D’après l’hebdomadaire de langue anglaise Nepali Times, le développement important des écoles privées ces dernières années avait permis à de nombreux Népalais de mettre leurs enfants dans des écoles situées au Népal plutôt que de les envoyer étudier en Inde, permettant ainsi au pays de faire des économies de devises. Mais “les brusques exigences [des maoïstes] soit de fermer, soit de réduire les frais de scolarité de 50 % ont tout ramené en arrière”, pouvait-on lire dans ce journal, qui soulignait que les Sœurs japonaises de Notre-Dame dirigeaient la meilleure école de la zone où elles étaient installées, fournissant aux populations rurales “un enseignement de niveau international à un coût minime”.

Dans leur communiqué du 31 mai, les religieux catholiques invitent à une meilleure communication entre communautés catholiques : “Quand certains se sont trouvés en difficulté, nous regrettons de ne pas avoir été capables de leur offrir un meilleur soutien… Nous voulons être davantage népalais dans l’usage de la langue, vivre dans la simplicité et dire clairement que nous travaillons pour tous sans distinction.”

En mai dernier, des étudiants révolutionnaires ont saccagé deux écoles privées à Katmandou et malmené leurs directeurs. Depuis le massacre de la famille royale népalaise du 1er juin, la tension causée par les maoïstes s’est accrue. Pour la première fois depuis le début de l’insurrection maoïste en 1996, le gouvernement a déployé l’armée dans 7 des 75 districts que compte le pays. Jusqu’alors, la police seule faisait front aux rebelles maoïstes.