Eglises d'Asie

Lors d’un colloque animé par l’Eglise catholique, un appel a été lancé en faveur de l’abolition de la peine de mort dans l’île

Publié le 18/03/2010




Les catholiques ont été les premiers à organiser un colloque pour promouvoir l’abolition de la peine de mort à Taiwan, colloque auquel se sont joints des responsables du bouddhisme et du protestantisme pour appeler la population à se joindre à cette campagne. Le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, archevêque de Kaohsiung, et le pasteur presbytérien Chou Lien-hua ont lancé un appel en faveur d’une culture de vie et du respect de toute vie humaine au cours du colloque qui s’est tenu du 24 au 26 juin dernier près de Taipei. La faculté de droit et l’Institut Jean-Paul II pour la paix, de l’université catholique Fu Jen, avaient organisé cette rencontre qui débuta, selon le directeur de l’Institut, le P. Edmund Ryden, par un échange sur les aspects sociaux, légaux et pratiques de la question.

A cette occasion, le cardinal Shan a confirmé qu’il avait bien envoyé une lettre au président Chen Shui-bian en avril 2000 demandant au gouvernement d’abolir la peine de mort ou au moins de suspendre les exécutions durant l’année jubilaire. Il a également révélé que le ministre taiwanais de la justice lui avait dit en mai 2001 que le gouvernement pourrait abolir la peine capitale dans les trois ans à venir.

Sakya Chao-fei, responsable bouddhiste, spécialiste des études sur le bouddhisme et directeur de pour la vie, a posé une question de morale, demandant s’il était permis à quelqu’un de participer de près ou de loin à l’exécution, fût-elle organisée par l’Etat, d’une personne. Prendre la vie d’autrui, de quelque façon que ce soit, a-t-il dit, est contraire à la morale et à l’enseignement de Bouddha.

Le P. Ryden a déclaré aux journalistes que le document final de ce colloque affirmait que la Chine aujourd’hui pouvait se montrer la digne héritière de la culture chinoise tout en s’opposant à la peine de mort, une peine pourtant en vigueur durant des milliers d’années en Chine. Dans ce document, il est demandé à toute la population de Taiwan et en particulier aux responsables religieux, aux hommes politiques et aux médias de s’opposer à la peine de mort et de dire leur volonté de « voir Taiwan libéré du reliquat de tout un passé barbare » et devenir ainsi « un flambeau des droits de l’homme et du respect de la vie pour l’Asie ». Dans ce texte, les participants au colloque ont affirmé la valeur des droits de l’homme tels qu’ils sont définis dans les instances internationales ; ils ont demandé que ces droits soient respectées à Taiwan. Ils ont souligné que le nombre des crimes actuellement passibles de la peine de mort, les exécutions de mineurs, les exécutions pour crimes commis sans violence physique et les sentences de mort automatiques ne sont pas compatibles avec les normes internationales de la justice. Ils ont aussi appelé la justice et la police à agir avec célérité pour que les criminels soient rapidement démasqués, qu’ils n’échappent pas à la justice et reçoivent une juste punition.

Ben Shiang Shia, de l’Institut des statistiques et des religions de l’université de Fu Jen, a communiqué les résultats d’un sondage d’opinion sur l’abolition de la peine de mort réalisé dans 7 villes, 18 banlieues et régions rurales de Taiwan au mois de mai dernier. Sur 1 381 réponses, 70 % des personnes interrogées ont dit être favorables à la peine capitale, surtout en tant que moyen de dissuasion pour le maintien de l’ordre public et comme châtiment pour les crimes très graves.

Depuis ces dernières années, le nombre des exécutions à Taiwan est en diminution constante : 38 en 1997, 32 en 1998, 24 en 1999.

Parmi les intervenants de ce colloque, on comptait des professeurs de droit pénal, des militants pour la défense des droits de l’homme et des journalistes venus d’Australie, du Canada, de Hongkong et de Taiwan.