Eglises d'Asie

Soutenus par une Eglise protestante, des Sino-Coréens, immigrés clandestins en Corée du Sud, observent une grève de la faim pour protester contre les expulsions dont ils font l’objet

Publié le 18/03/2010




Environ 150 Chinois d’origine coréenne et plusieurs chrétiens protestants sud-coréens ont entamé le 9 juillet une grève de la faim “illimitée” pour protester contre les expulsions par les autorités sud-coréennes de travailleurs immigrés clandestins. Rassemblés dans le hall de la Korea’s Centenial Memorial Church, une communauté protestante fondée en juin 1999 et qui revendique 4 500 fidèles, les grévistes de la faim entendent dénoncer ces expulsions “brutales et inhumaines”. Ils ont rejoint le révérend Soh Kyung-suk, principal responsable de cette communauté protestante, qui observe une grève de la faim depuis le 23 juin dernier.

Cette action intervient alors que le gouvernement sud-coréen a décrété une période d’amnistie du 18 juin au 31 juillet 2001 pour tous les travailleurs étrangers en situation irrégulière dans le pays. Cette amnistie donne la possibilité à ces travailleurs de quitter le pays avant la fin du mois de juillet sans payer d’amende – et aux chefs d’entreprise qui les emploient d’échapper à toute poursuite. En temps normal, les travailleurs étrangers arrêtés en situation illégale ainsi que leurs employeurs doivent payer des amendes qui vont de quelques centaines de dollars à plus d’un millier de dollars, en fonction du nombre d’années de présence en Corée. Parallèlement à cette “porte de sortie” offerte aux travailleurs étrangers clandestins, les autorités procèdent à de nombreux contrôles et, selon le Korean Times du 10 juillet, 1 600 immigrés en situation irrégulière ont été arrêtés ces deux dernières semaines, la moitié d’entre eux étant des Chosunjok, des Chinois d’origine coréenne.

La communauté des Chosunjok a vivement réagi à cette nouvelle campagne du gouvernement, destinée, semble-t-il, à dissuader les candidats étrangers au travail clandestin de profiter du boom de la construction provoqué par la tenue de la Coupe du monde de football dans le pays en 2002. Des manifestations ont été organisées devant les bâtiments de l’Immigration. “Le gouvernement doit mettre fin aux expulsions et prendre des mesures pour protéger les droits fondamentaux des Sino-Coréens”, pouvait-on lire dans un communiqué publié par la Korea’s Centenial Memorial Church. Selon le révérend Choe Hwang-kyu, pasteur de cette communauté protestante, ces travailleurs considèrent la Corée comme leur mère-patrie et empruntent jusqu’à 10 millions de wons (7 500 dollars US) pour payer leur passage de Chine en Corée du Sud. “S’ils sont renvoyés en Chine peu de temps après être arrivés en Corée, ils n’ont aucun moyen de payer leurs dettes, ce qui les plonge dans le désespoir ; certains se suicident”, explique le pasteur dont la communauté s’est mise au service de la défense des droits des Chosunjok. La Korea’s Centenial Memorial Church appelle le gouvernement à faire adopter une loi permettant que les Chosunjok soient désormais considérés comme des “Coréens d’outre-mer” et, qu’à ce titre, ils puissent jouir d’un libre droit de séjour et de travail dans le pays.

Selon les estimations les plus couramment admises, les travailleurs étrangers en situation irrégulière sont au nombre d’environ 230 000 en Corée du Sud, soit à peu près la moitié du nombre total des travailleurs immigrés dont la population est estimée à 500 000. Outre les Sino-Coréens, au nombre de 100 000, les principales communautés étrangères sont originaires des Philippines, de Mongolie, du Bangladesh, du Vietnam, du Népal, du Pakistan et du Pérou.