Eglises d'Asie

Bangalore : pour la première fois en Inde, des chrétiens organisent une rencontre des minorités sexuelles

Publié le 18/03/2010




Le 1er juillet dernier dans les locaux du Mouvement des étudiants chrétiens protestants, l’Alliance des groupes sexuels minoritaires a organisé une rencontre nationale dont le thème était ainsi explicité : “Rompons le silence pour que les minorités sexuelles s’expriment !” Il s’agissait de la première réunion de ce type en Inde et quelque 200 homosexuels, transsexuels et bisexuels, venant de Bangalore, Delhi, Mumbai (Bombay) et Pune, y participaient.

Les interventions des principaux intéressés ont brossé une description plutôt pessimiste de la situation faite aux minorités sexuelles par la société indienne. Non seulement celles-ci font l’objet d’une très sévère discrimination, jugées par l’immense majorité de la population comme dangereuses et déviantes, mais encore leur existence même est mise en cause, a affirmé un homosexuel, membre d’un groupe de soutien aux “gays”. Les intervenants n’ont pas réclamé de faveurs mais ont demandé que soit assurée pour eux la protection des droits et de la dignité humaine que leur reconnaît la constitution indienne. Il a été aussi exigé que soient supprimés du code pénal indien, les articles classant les actes homosexuels dans la catégorie des “crimes contre nature Selon les participants de la rencontre, divers autres droits devraient être accordés aux membres de ces minorités parmi lesquels les droits à l’héritage, à l’adoption…

Parallèlement à l’expression des diverses revendications de caractère social, une réflexion religieuse sur le thème des minorités sexuelles a été menée aussi bien par des théologiens protestants présents à la réunion que par certains participants qui ont parlé de leur sexualité à la lumière de leur foi. Le pasteur Abraham, professeur au Collège théologique œcuménique de Bangalore, appartenant au groupe des théologiens de la libération, a déclaré que les membres des minorités sexuelles avaient le droit de vivre leur vie hors de toutes menaces. Il a souhaité que la société protège leurs droits et leur permette de mener une existence paisible. La législation devrait légitimer l’existence d’orientations sexuelles différentes au lieu de les marginaliser en les considérant comme des déviances. Lors d’une séance de prières pour les minorités sexuelles, organisée le 2 juillet par les étudiants et les enseignants du Collège théologique oecuménique, l’un des participants s’est exprimé sur le rôle de la prière dans sa vie et a dit comment il avait trouvé dans le christianisme un Dieu sympathique et révolutionnaire acceptant les êtres humains tels qu’ils sont. Un autre étudiant de Bangalore qui s’est présenté comme un homosexuel catholique pratiquant a déclaré, à titre personnel, que l’homosexualité ne pouvait être anti-chrétienne, Dieu ne pouvant pas punir les êtres humains pour leur humanité.

Quelques jours auparavant, à l’issue d’un séminaire sur les droits des minorités sexuelles qui s’est tenu à Ooty, dans l’Etat du Tamilnadu, le Conseil national des Eglises a fondé un institut d’études sur la sexualité humaine destiné à approfondir les connaissances en ce domaine. Quant à l’Eglise catholique, elle s’est tenue sur la réserve et a souligné que, selon le Catéchisme de l’Eglise catholique, l’homosexualité est contraire à la loi naturelle. Cependant le même ouvrage ajoute que les personnes doivent être accueillies avec respect, compassion et délicatesse.