Eglises d'Asie

Bouddhisme : alors que le gouvernement essaie de temporiser, un religieux bouddhiste durcit le ton

Publié le 18/03/2010




Selon l’agence Vietcatholic News (1), le gouvernement vietnamien aurait, ces derniers temps, essayé de faire baisser la tension existant entre les milieux du bouddhisme unifié et les autorités civiles qui patronnent officiellement l’Eglise bouddhiste du Vietnam, un patronage mis en cause et refusé par les responsables du bouddhisme unifié.

Précédemment, à plusieurs reprises, les autorités religieuses du bouddhisme unifié avaient demandé au gouvernement de laisser leur patriarche, le vénérable Thich Huyên Quang, en résidence surveillée dans le Quang Ngai depuis près de 20 ans, revenir à sa pagode de Saigon pour qu’il puisse enfin s’y faire soigner. Les premières demandes n’ayant pas reçu de réponse, le recteur de l’institut pour la propagation du dharma, le vénérable Thich Quang Dô, avait résolu d’aller lui-même, accompagné d’une délégation, le chercher dans sa résidence et le conduire jusqu’à Hô Chi Minh-Ville. L’expédition qui avait eu lieu le 7 juin 2001 (2) n’avait pu être menée jusqu’à son terme à cause des obstacles mis en place par la police tout au long de la route. En outre, un décret du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville avait auparavant condamné le principal promoteur de cette initiative, le vénérable Thich Quang Dô, à deux ans de résidence surveillée à compter du 1er juin 2001.

Les récentes informations laissent entendre que le gouvernement, sans doute troublé par les multiples réactions internationales, s’efforce de trouver une solution à l’amiable concernant le patriarche de l’Eglise bouddhiste unifiée. Des cadres communistes auraient proposé au religieux bouddhiste de demander aux autorités civiles de lui accorder une nouvelle résidence à Quy Nhon, ville du Centre la plus proche de la localité où il est gardé en résidence surveillée. Cette première proposition a, selon ces dernières informations, été immédiatement repoussée par le patriarche qui a exigé de la police qu’elle laisse la délégation bouddhiste s’occuper de son retour à Hô Chi Minh-Ville. Une autre proposition aurait été faite au patriarche touchant la réunification des deux Eglises bouddhistes actuellement séparées, l’Eglise bouddhiste unifiée et l’Eglise bouddhiste membre du Front patriotique. Un religieux, le vénérable Thich Quang Liên, a été envoyé en intermédiaire pour organiser la réconciliation et l’intégration des deux groupes bouddhistes. Le vénérable Thich Huyên Quang s’est également opposé à cette initiative et a répondu à son interlocuteur qu’il n’existait aucun désaccord entre les deux religieux. S’il existe deux Eglises, a-t-il précisé, c’est à cause de l’Etat qui a fondé lui-même l’Eglise bouddhiste du Vietnam. Le patriarche du bouddhisme unifié a proposé une réunion au sommet avec la participation du vénérable Thich Quang Dô, deuxième personnage du bouddhisme unifié, pour en discuter.

Par ailleurs, le bureau international d’information bouddhiste (3) a diffusé une lettre ouverte, écrite aux autorités du Parti et de l’Etat par le vénérable Thich Không Tanh (4) exprimant l’insatisfaction et la protestation des religieux bouddhistes de Saigon devant les multiples mesures de répression prises ces temps derniers par le pouvoir civil. Ces mesures concernent, dit le rédacteur de la lettre, tous ceux qui se permettent d’exprimer une opinion différente des dogmes tenus pour infaillibles par le parti au pouvoir. Le religieux cite, en premier lieu, les principaux dissidents politiques du Vietnam. La même répression qui touche les dissidents politiques s’acharne contre les partisans de la liberté religieuse. Sont mentionnés les prêtres catholiques, les fidèles Hoa Hao et les protestants soutenant les revendications des montagnards des Hauts plateaux. Le vénérable Thich Không Tanh établit ensuite une longue liste de religieux bouddhistes qui, ces temps derniers ont eu à souffrir des actions policières, sans oublier l’un d’entre eux, Thich Thiên Minh en camp d’internement depuis 23 ans.