Eglises d'Asie

Célèbes : nouvelle flambée de violences inter-communautaires à Poso

Publié le 18/03/2010




Selon le P. Jimmy Tambelaka, prêtre de la paroisse catholique Sainte-Thérèse à Poso, les violences ayant éclaté le 22 juin dernier, opposant les communautés musulmane et protestante de la ville, ont causé la mort de 160 personnes environ, dont neuf policiers et un soldat. Contacté par l’agence Ucanews le 11 juillet dernier alors qu’il avait trouvé refuge à Manado, dans les Célèbes septentrionales, le P. Tambelaka a ajouté que des centaines de civils avaient été blessés, des maisons pillées et incendiées et qu’environ 15 000 personnes étaient parties se réfugier dans les montagnes autour de Palu et de Manado. Huit églises chrétiennes – dont l’église Sainte-Thérèse – ont été soit brûlées, soit endommagées.

« Toute la région de Poso est passée sous le contrôle des groupes blancs’ (les combattants musulmans de la guerre sainte sont vêtus de tuniques blanches). Ces musulmans ne sont pas originaires de Poso mais se sont infiltrés à partir de Palu et d’ailleurs », a encore déclaré le P. Tambeleka, qui précise que ce conflit n’est pas un conflit fondé uniquement sur des questions religieuses, certains groupes utilisant les sentiments religieux de la population pour atteindre leurs propres objectifs.

Le 15 août dernier, un responsable musulman est venu corroborer l’analyse du P. Tambeleka. Selon Ustad (professeur musulman) Yahya Alamri, qui s’est exprimé devant le Groupe de résolution des conflits de Poso, les heurts entre les communautés musulmane et chrétienne qui ensanglantent Poso depuis deux ans (1) sont « politiques » et n’ont rien à voir avec la religion. « Les hommes politiques, et non les leaders religieux, doivent être tenus pour responsables du sang versé », a-t-il affirmé, en invitant la police à mener des enquêtes au sujet des politiciens que chacun sait impliqués dans ce conflit et à ne pas se contenter d’arrêter de simples exécutants.

Pour le révérend Irianto Kongkoli, pasteur protestant, l’harmonie interreligieuse et la tolérance n’ont plus cours au sein de la société plurireligieuse de Poso. La méfiance est devenue telle que « les musulmans, à titre d’exemple, ne considèrent plus le christianisme comme une vraie religion, et il en va de même pour les chrétiens à l’égard des musulmans ». Le pasteur protestant a poursuivi en demandant aux leaders religieux de « s’interroger sur leur propre rôle : doivent-ils mener les gens vers le paradis ou dans la direction opposée ? ».