Eglises d'Asie – Inde
Déception des chrétiens indiens à l’issue de l’échec des entretiens au sommet entre l’Inde et le Pakistan sur la question du Cachemire
Publié le 18/03/2010
Il aura fallu attendre un mois jusqu’à la fête de l’indépendance, le 15 août, pour entendre le Premier ministre indien, au cours d’un discours prononcé à cette occasion, exprimer son jugement sur le sommet manqué du 14 au 16 juillet dernier. Il en a entièrement rejeté la responsabilité sur le régime militaire pakistanais, soulignant que, jamais l’Inde ne pourrait accepter les vues du Pakistan sur le problème du Cachemire. Il est vrai que le discours était prononcé quelques jours seulement après des attaques terroristes contre des civils hindous, qui ont coûté le vie à une douzaine de pèlerins passagers du chemins de fer et à quelques autres civils. Dans la nuit du 14 août, cinq innocents avaient encore été tués, parmi lesquels trois femmes et une jeune fille. La veille du discours du premier indien, le général Musharraf s’était lui-même exprimé sur le sujet du Cachemire. Il avait répété les positions traditionnelles du Pakistan, à savoir que la rébellion en cet Etat n’était que la résistance de la population à l’oppression indienne. Les deux responsables ont, cependant, voulu assurer les citoyens de leur pays de leur volonté de paix et de leur intention de continuer les négociations;
Avant la tenue du sommet, les responsables chrétiens s’étaient publiquement réjouis de voir les deux responsables politiques débattre ensemble des problèmes qui, depuis près de 53 ans, troublaient les relations entre les deux pays, aujourd’hui puissances nucléaires. La Conférence épiscopale catholique et l’Eglise (protestante) de l’Inde du Nord (CNI) avaient voulu accueillir ensemble le geste de bonne volonté des deux pays. Le secrétaire du CNI avait assuré le Premier ministre des prières des chrétiens de l’Inde. « La glace est définitivement rompue », avait déclaré le porte-parole de la conférence épiscopale, le P. Donald De Souza, à la veille de la rencontre. Le 16 juillet, il disait encore que les premiers entretiens du sommet montraient que les deux interlocuteurs avaient déjà franchi une première étape sur le chemin de la paix. Partout dans le pays, les catholiques avaient prié pour le succès de la rencontre, tandis que le président de la Conférence épiscopale célébrait à New Delhi une messe spéciale aux intentions de la paix.
Dans les milieux chrétiens, après l’échec du sommet, la déception a été à la mesure des espoirs que l’on avait conçus. Les responsables ont exprimé publiquement la tristesse causée par l’échec. Le P. De Souza a parlé de consternation. Mgr Z. James Terom, évêque de l’Eglise de l’Inde du Nord à Chotanagur, s’est désolé de l’absence de tout résultat concret. Le journal catholique The New Leader, tout en présentant l’échec du sommet comme un très grave retour en arrière et un grand désappointement, a exprimé la crainte d’une montée de la violence et de l’agressivité dans l’Etat de Jammu et Cachemire. Le journal a vivement critiqué les deux dirigeants qui ont refusé de tenir compte du rôle de la population dans le processus de paix : « Comment peut-on décider du destin du Cachemire sans prendre en considération les aspirations et les espérances du peuple ! », s’est exclamé l’auteur de l’article. « Après tout, a-t-il conclu, il s’agit de sa terre et c’est lui qui est le plus concerné… Selon le journal catholique, l’Eglise qui se refuse à voir disparaître l’espoir s’efforcera de faire entendre la voix des victimes malgré le vacarme provoqué pour camoufler les intérêts des deux pays.
Le conflit entre l’Inde et le Pakistan à propos de l’Etat frontalier de Jammu et Cachemire, dont la population est à prédominance musulmane, date de la division de l’Inde et du Pakistan au moment de l’indépendance. Depuis cette époque, trois guerres ont eu lieu, auxquelles il faut ajouter le violent affrontement de 1999 qui a fait des milliers de morts des deux côtés.