Eglises d'Asie

Des catholiques font campagne pour empêcher la diffusion d’un manuel scolaire d’histoire inspiré par des thèses “révisionnistes”

Publié le 18/03/2010




Le Conseil catholique du Japon pour la justice et la paix, présidé par Mgr Michael Matsuura Goro, évêque auxiliaire d’Osaka, a envoyé le 30 juin dernier une lettre à toutes les paroisses et organisations catholiques du pays pour protester contre un manuel scolaire destiné au premier cycle du secondaire. Le contenu de ce manuel, inspiré des thèses “révisionnistes”, a suscité de très vives protestations au Japon comme dans les pays d’Asie colonisés ou envahis par l’armée impériale japonaise au cours de la première moitié du XXe siècle (1). Mgr Matsuura invite les catholiques du Japon à financer une campagne de publicité dans catholique du Japon, campagne destinée à dénoncer ce manuel, connu sous le nom de “manuel Fuso”.

Au mois d’avril dernier, le ministère de l’Education avait approuvé huit nouveaux manuels d’histoire dont ce manuel Fuso, rédigé par la très nationaliste Société japonaise de réforme des manuels d’histoire et publié par le groupe Fuso. Depuis, les comités éducatifs de l’archipel, qui ont au niveau local la responsabilité du choix des manuels adoptés dans les écoles, se sont prononcés : le 13 août dernier, 98 % des 542 comités éducatifs ont rejeté le manuel. Une poignée d’écoles seulement adopteront donc le manuel Fuso là où son éditeur escomptait recueillir au moins 10 % des suffrages et écouler 1,2 millions d’exemplaires. Publié en édition pour le grand public, le manuel contesté a néanmoins obtenu en libraire un très grand succès (700 000 exemplaires vendus). Selon le Monde du 16 août, les lecteurs achètent le plus souvent, en même temps que le manuel Fuso, un livre de critiques infirmant point par point ses interprétations “révisionnistes” de l’histoire contemporaine du Japon.

Dans sa lettre aux catholiques du Japon, Mgr Matsuura écrit que ce manuel “recourt à une fausse conception du patriotisme” et qu’il est du devoir des chrétiens de “se sentir profondément responsables” afin de faire passer aux jeunes générations ce qui s’est réellement produit par le passé. Cela est nécessaire, écrit l’évêque auxiliaire d’Osaka, afin que les jeunes Japonais “puissent véritablement grandir pour œuvrer en faveur de la paix”.

D’autres secteurs de la société civile au Japon ont lancé des campagnes similaires pour dénoncer le manuel Fuso. Une coalition d’associations chrétiennes et de défenseurs des droits civiques ont appelé les Japonais à envoyer des e-mails au gouvernement pour dénoncer son “manque d’autorité” en la matière. D’autres personnes, dont des catholiques, ont publié une pleine page de publicité dans trois des principaux quotidiens du pays pour critiquer le manuel controversé.