Eglises d'Asie

Des religieux et des responsables de la société civile dénoncent le retard avec lequel le gouvernement et les législateurs préparent une loi fondamentale en matière de bioéthique

Publié le 18/03/2010




Le 19 juillet dernier à Séoul, les délégués de 48 organisations catholiques, protestantes, bouddhistes, féministes et écologistes ont annoncé leur intention de former un groupement commun afin de faire pression sur le gouvernement et les députés de l’Assemblée nationale. Selon eux, les autorités coréennes font montre de “tiédeur” et tiennent “un double langage” au sujet de la préparation d’une “Loi fondamentale en matière de bioéthique”, loi en préparation depuis plusieurs mois et dont le projet aurait dû être achevé en juin dernier par le gouvernement (1). “Depuis longtemps, nous demandons qu’une telle loi soit rédigée”, peut-on lire dans le communiqué commun publié à cette occasion. “Or, le ministère de la Santé et des Affaires sociales ne dit plus rien à son sujet.”

Les délégués de ces organisations s’inquiètent en particulier des propos que le ministre des Sciences et des Technologies a tenus dans les médias, propos selon lesquels le vote d’une telle loi devait être repoussé à plus tard et le texte préparé par l’officielle Commission consultative en matière de bioéthique revu. Selon le P. Remigio Lee Dong-ik, membre de l’Académie pontificale pour la vie et professeur de théologie morale à l’Université catholique de Séoul, le vote d’une loi dans ces domaines est urgent, sinon le peuple coréen devra tôt ou tard faire face à une crise morale lorsque “le phénomène de destruction et de manipulation de la vie humaine sera généralisé”. Selon lui, “le rôle des législateurs est plus important que jamais en ces jours où la vie est menacée”.

Kim Il-su, vice-président du Comité protestant de bioéthique et professeur de droit à l’Université de Corée, a déclaré que “la protection de la vie doit être inscrite dans la loi”. Kim Sang-hee, représentante d’un mouvement de femmes, a pour sa part mis en garde contre le risque de voir le corps des femmes considéré comme “un matériau physique et un instrument au service des techniques de manipulation génétique”.

Le 6 décembre 2000, le ministère de la Santé et des Affaires sociales avait promis d’amender le texte de loi en cours de préparation après l’audition publique de différents groupes religieux et membres de la société civile. Le ministère des Sciences et des Technologies avait également tenu ses propres consultations. Et il était entendu que le projet de loi préparé par la Commission consultative en matière de bioéthique, projet de loi relativement bien accueilli par les Eglises chrétiennes (2), devait être présenté à la prochaine session ordinaire de l’Assemblée nationale. Cependant, mettent en avant les délégués des 48 organisations réunies à Séoul, depuis quelques temps, les scientifiques se montrent peu coopératifs et certains cercles politiques et financiers sont d’avis qu’il est prématuré de voter et de promulguer une telle loi, contenant trop de restrictions.