Eglises d'Asie

Goa : 50 écoles publiques ont été privatisées et confiées à des associations nationalistes hindoues

Publié le 18/03/2010




Une grande partie de la population goanaise, aujourd’hui gouvernée par le parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), s’oppose à une récente mesure des autorités touchant le réseau des écoles primaires de l’Etat. Au cours du mois de juin dernier, les services compétents ont tout d’abord décidé la fermeture de 51 écoles, dont le nombre d’élèves annuel n’atteignait pas le quota minimum prescrit de douze. On apprenait, peu après, que ces écoles allaient être confiées à la responsabilité d’un certain nombre d’organismes socio-culturels, liés aux groupes nationalistes hindous gravitant autour du célèbre Corps national des volontaires (Rashtria Swayamsevak Sang, RSS).

Les diverses associations, dont certaines n’ont aucune habilitation officielle en ce domaine ont reçu un premier mandat de l’Etat pour gérer ces écoles pendant trois mois, mais sans subvention. Au début de l’année scolaire, le 6 juin, lorsqu’ils se sont douté des intentions de l’Etat et des diverses associations gestionnaires, les villageois concernés ont aussitôt entamé, aidés par certains groupes, une série de protestations. Certaines ont été particulièrement virulentes. Un notable de village qui, en 1966, avait cédé une partie de sa terre pour la construction d’une école primaire a menacé de mener une grève de la faim indéfinie si le gouvernement transférait l’école à un organisme privé. Selon lui, il s’agissait là d’une tentative pour endoctriner la jeunesse indienne et lui inculquer une idéologie fasciste. Le 3 juillet, l’écrivain Devenedra Kandolkar a effectivement entamé un jeûne total à Panaji, capitale de l’Etat pour protester contre l’initiative des autorités. Il est à craindre que ces réactions soient trop tardives, la plupart des écoles ayant déjà été prises en charge par les associations désignées.

Certaines indications ont été donnée concernant les arrière-pensées et ambitions des divers groupes bénéficiaires de l’initiative d’Etat. Un dirigeant local du RSS a révélé que son groupe comptait gérer collectivement les écoles qui lui étaient confiées en vue, a-t-il précisé, de préserver la culture du pays. Toutefois, dans plusieurs déclarations, le ministre président de Goa, Manohar Parrikar, a essayé de minimiser la portée de la décision en soulignant que la privatisation des écoles était justifiée par la volonté de l’Etat de réduire les dépenses et d’assurer l’emploi des enseignants. Il a ajouté que, si la réouverture des écoles se heurtait aux protestations de la population, elles resteraient fermées.

Les divers opposants à la mesure gouvernementale, en particulier le Comité de protection des écoles du gouvernement, ne sont pas hostiles, par principe, à la privatisation des écoles, mais à condition qu’elle soit effectuée correctement, conformément à certains critères et non pas, comme c’est le cas, en les confiant sans scrupule à des organismes choisis pour leur appartenance idéologique, qui ne sont que des organes camouflés du RSS, sans habilitation et n’ayant rien à voir avec l’éducation. Au sein de la population catholique, nul ne doute que l’initiative gouvernementale s’inscrit dans un projet d’hindouisation de l’Etat. Il faut cependant remarquer que l’initiative ne touche pas les écoles catholiques dont la langue d’enseignement est le konkani, accompagnée de l’anglais.