Eglises d'Asie

Le gouvernement vietnamien serait prêt à libérer le P. Nguyên Van Ly à condition qu’il réclame l’indulgence et abandonne son titre de curé de An Truyên

Publié le 18/03/2010




Après une longue période de silence pendant laquelle on a totalement ignoré le sort réservé au P. Thaddée Nguyên Van Ly, arrêté le 17 mai dernier et ensuite incarcéré en un lieu indéterminé (1), des nouvelles relativement précises ont commencé à filtrer depuis le milieu du mois d’août. Une récente dépêche de Vietcatholic News vient de donner de lui une adresse précise. Il est actuellement détenu dans la cellule n° 7 du quartier d’internement C dans la prison de Thua Phu à Huê. C’est là que des membres de sa famille lui portent des colis d’approvisionnement depuis qu’il a interrompu sa grève de la faim commencée dès le lendemain de son arrestation. Depuis son jeûne prolongé, sa santé reste très affaiblie. Cependant, les récentes dépêches ont démenti certains bruits affirmant que le prêtre avait été battu dans sa cellule et que sont nez avait été brisé.

Les premières nouvelles du P. Ly ont été données par un communiqué du Comité pour la liberté religieuse au Vietnam dont le siège est à Washington DC. Le communiqué est daté du 22 août et précise qu’une source digne de confiance à Huê a fait savoir au Comité que des négociations auraient eu lieu entre les autorités civiles et l’archevêché de Huê. Le gouvernement serait disposé à procéder à la libération du prêtre “réfractaire” à plusieurs conditions. Les autorités tiennent pour très important que le P. Ly ne retourne pas dans la paroisse de An Truyên, paroisse dont il est le curé. C’est l’archevêque de Huê, lui-même, qui était venu lui apporter sa nomination à ce poste au mois de janvier de cette année, alors qu’il était encore dans la petite chrétienté de Nguyêt Biêu, où il avait commencé sa campagne pour la liberté religieuse. C’est à An Truyên que le prêtre avait bien été arrêté le 17 mai dernier. Le gouvernement a prévu que le P. Ly, à sa sortie de prison, irait résider à l’archevêché où il serait considéré comme un prêtre à la retraite. D’autres détails ont été donnés par d’autres sources. Des cadres de haut niveau seraient venus trouver le P. Ly pour lui proposer d’écrire une lettre aux représentants de l’Etat et du parti, réclamant leur indulgence. Les mêmes sources affirment que le prêtre de Huê a refusé les suggestions qui lui ont été faites. Personnellement, il n’envisage pour lui que deux solutions : le jugement public devant le tribunal ou le retour dans la paroisse de An Truyên dont il s’estime responsable. Un fait concret remarqué par les proches du prêtre prisonnier semble témoigner de sa résolution. Précédemment, sur les reçus fournis aux parents lui apportant des colis d’approvisionnement, le prêtre se contentait de signer : P. Nguyên Van Ly. Depuis quelque temps, il ajoute à son nom, la mention, “curé de An Truyên”.

A l’extérieur de la prison, dans le diocèse, des amis du P. Ly, en particulier le P. Nguyên Huu Giai et le P. Pham Van Loi s’opposent comme l’intéressé à la solution gouvernementale destinée selon eux à ternir le prestige acquis par le prêtre prisonnier au cours de sa campagne pour la liberté religieuse, campagne illustrée par le slogan placé par le prêtre sur son église de Nguyêt Biêu : “La liberté religieuse ou la mort ! Les deux prêtres s’emploient à empêcher que les propositions gouvernementales ne se réalisent.

Certains observateurs interprètent cette nouvelle attitude plus conciliante du pouvoir vietnamien comme le résultat de la pression internationale exercée sur le gouvernement à propos de cette affaire. Les interventions en faveur du P. Ly ont été très nombreuses et émanent aussi bien de presque toutes les grandes organisations internationales que des gouvernements de plusieurs pays du monde.