Eglises d'Asie

Les organisations catholiques œuvrant auprès des réfugiés bhoutanais au Népal saluent les progrès des négociations entre le Népal et le Bhoutan au sujet du rapatriement de ces réfugiés

Publié le 18/03/2010




Directeur adjoint du Jesuit Refugee Service en poste à Damak, à 560 kilomètres à l’est de Katmandou, le P. Kuruvila Cherian a accueilli comme une bonne nouvelle le fait que des représentants du Népal et du Bhoutan se sont mis d’accord lors de leur rencontre des 20-23 août à Thimpu, capitale du Bhoutan, pour accélérer les opérations de vérification de nationalité des réfugiés dans les camps situés au Népal. Selon lui, il est de plus en plus difficile de trouver de l’argent pour subvenir aux besoins de ces quelque 100 000 réfugiés installés dans l’est du Népal depuis dix ans (1). Or, si le taux de criminalité a été maintenu dans des proportions acceptables dans et autour des camps, « les jeunes pourraient rapidement devenir intenables si l’aide aux réfugiés diminue », a-t-il déclaré. De plus, au fur et à mesure que le séjour des réfugiés dans les camps se prolonge, leurs possibilités de réintégration s’amenuisent, les réfugiés, ayant perdu espoir, devenant « passifs ».

Selon le P. Cherian, dans le camp de Khudunabari, un des sept camps supervisés par les Nations Unies, sur 1 500 familles, 900 sont déjà passées par les procédures de vérification. Le 23 août, le ministre népalais des Affaires étrangères, Ram Sharan Mahat, a déclaré à la presse que les vérifications de nationalité dans les sept camps pourraient être deux fois plus rapides qu’initialement prévu et être achevées d’ici à trois ans. Les vérifications de nationalité, menées séparément par des représentants des deux royaumes voisins, ont commencé au début de cette année (2) et ont pour objet de déterminer la nationalité des réfugiés. Selon le ministre népalais, un premier groupe de réfugiés pourrait regagner le Bhoutan dès le mois d’octobre prochain. Une telle perspective paraît toutefois improbable à Rakesh Chettri, un responsable bhoutanais réfugié, selon qui « les rapatriements n’auront lieu que lorsque la procédure de vérification sera entièrement terminée ».

Au début des années 1990, après que le gouvernement du Bhoutan eut décidé d’imposer des normes culturelles et religieuses strictement bouddhistes à toute la population du pays, plus de 100 000 Bhoutanais, pour la plupart d’origine népalaise et de religion hindoue, ont trouvé refuge au Népal. Tout au long des années 1990, les autorités du Bhoutan ont déclaré que ces réfugiés n’avaient pas la nationalité bhoutanaise, rendant les relations difficiles entre le Bhoutan et le Népal, deux royaumes ethniquement et religieusement distincts. Les récents pourparlers ont abouti à la définition de quatre catégories de réfugiés : les Bhoutanais, les non-Bhoutanais, les Bhoutanais qui ont quitté le Bhoutan de leur plein gré et les Bhoutanais qui ont un casier judiciaire. Le Bhoutan déclare qu’il n’accueillera que les réfugiés appartenant à la première catégorie tandis que le Népal insiste pour que tous, mis à part les non-Bhoutanais, puissent revenir chez eux. Toutefois, lors de la session de pourparlers qui vient d’avoir lieu à Thimpu – onzième du genre -, les représentants des deux royaumes se sont mis d’accord pour « harmoniser leurs différences sur cette question ».