Eglises d'Asie

L’évêque auxiliaire de Séoul demande au gouvernement de ne pas autoriser la mise sur le marché de la pilule abortive dite « du lendemain »

Publié le 18/03/2010




Consulté par la KFDA (Korean Food and Drug Administration), organe officiel du gouvernement habilité, entre autres, à délivrer les autorisations de mise sur le marché des nouveaux médicaments, Mgr Pierre Kang Woo-il, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Séoul, s’est prononcé contre l’introduction en Corée du Sud de la pilule Norlevo, autrement appelée « pilule du lendemain » ou RU 486. « La KFDA, qui doit agir comme le défenseur de la vie dans la culture de la mort [où nous vivonsne doit pas autoriser la vente de cette pilule a-t-il notamment écrit dans le texte qu’il a fait parvenir aux autorités coréennes le 9 juillet dernier.

Le 8 juin dernier, la KFDA avait envoyé un mémorandum à divers groupes d’intérêt et personnalités, mettant en avant le fait que cette pilule, prise dans les trois jours suivant un rapport sexuel « non protégé pouvait prévenir des « grossesses non désirées Outre la description des effets cliniques de cette pilule, le rapport de la KFDA mettait en lumière le fait que l’introduction de cette pilule pourrait avoir pour conséquence d’accroître la promiscuité parmi les jeunes, étant donné que l’éducation sexuelle n’était pas aussi développée en Corée du Sud qu’elle pouvait l’être dans d’autres pays où cette pilule est autorisée. En 1996, rappelait encore la KFDA, une société pharmaceutique avait déposé une demande de mise sur le marché pour cette pilule avant de la retirer au motif des « conséquences sociales et éthiques » que son introduction produirait. Enfin, révélait la KFDA, depuis 1998, la Fédération coréenne pour le planning familial a mis à la disposition de certaines personnes cette pilule dans le cadre d’un « projet d’études 

Face à ce rapport relativement nuancé de la KFDA, Mgr Pierre Kang a rappelé, dans sa réponse écrite, « les fondements et les principes » de l’enseignement de l’Eglise catholique en ce qui concerne la vie, celle-ci commençant à l’instant même où l’ovule de la femme est fécondé par un spermatozoïde de l’homme. Dès lors que cette pilule empêche la nidification d’un œuf fécondé et provoque donc son élimination, elle doit être considérée comme un abortif et donc condamné, a expliqué l’évêque auxiliaire de Séoul. Il a également rappelé que le gouvernement sud-coréen préparait en ce moment un projet de loi où les embryons humains âgés de moins de 15 jours étaient considérés comme des « êtres humains potentiels » (1).

En Asie, le Sri Lanka – depuis le mois de décembre dernier – est le seul pays à avoir approuvé officiellement la vente de « la pilule du lendemain » sur son territoire. En Corée du Sud, l’Eglise catholique fait campagne pour obtenir l’interdiction de l’avortement et, en décembre dernier, Mgr Pierre Kang a remis au président de l’Assemblée nationale une pétition de 1,2 millions de signatures allant en ce sens (2). Pour une population de 45 millions d’habitants, 1,5 millions d’avortements sont pratiqués chaque année en Corée du Sud – un chiffre deux fois supérieur à celui des naissances. Le texte légalisant l’avortement en Corée du Sud a été voté en 1973 (3).