Mindanao : dans l’île de Basilan, des catholiques se disent prêts à s’armer pour organiser eux-mêmes leur défense contre les exactions du groupe Abu Sayyaf

Selon le P. Nacorda, l’incident qui a décidé des catholiques de Lamitan à demander l’aide de leur curé pour s’entraîner au maniement des armes est le raid du groupe Abu Sayyaf en juin dernier contre l’hôpital de la ville. Détenant déjà une vingtaine de touristes kidnappés plus tôt sur l’île de Palawan (dont trois Américains), les hommes d’Abu Sayyaf ont tué trois employés de l’Eglise et fait quatre nouveaux otages ce jour-là. Le P. Nacorda, qui a échappé de peu aux preneurs d’otages, rapporte qu’une centaine de femmes au foyer et d’instituteurs excédés ont alors décidé de s’armer.

Le P. Nacorda a fait part de ce changement d’attitude de la part des catholiques de Basilan lors de la présentation à Manille, le 28 juillet dernier, d’un ouvrage publié par les Clarétiens et intitulé “Dans les montagnes, otages d’Abu Sayyaf”. Ce livre, écrit par Jose Torres Jr., retrace l’histoire de la cinquantaine d’enfants et de leurs enseignants kidnappés en mars 2000 par le groupe Abu Sayyaf. Les enfants musulmans avaient été rapidement relâchés tandis qu’en mai suivant, lors d’une offensive des forces armées philippines, le P. Rhoel Gallardo et trois enseignants avaient été tués (2).

En 1994, lors d’une précédente prise d’otages, le P. Nacorda avait été kidnappé par le groupe Abu Sayyaf (3). Quinze chrétiens avaient alors été massacrés et une vingtaine d’autres retenus en otages. Missionnaire d’origine espagnole, le P. Nacorda a succédé à Lamitan au P. Bernado Blanco, prêtre espagnol lui aussi et qui fut lui aussi enlevé en 1993 par le même groupe rebelle avant de pouvoir s’échapper. Au mois d’août 1992, ses ravisseurs avaient déjà enlevé un missionnaire franciscain américain. La prélature d’Isabela qui comprend l’île de Basilan compte 270 000 habitants dont 31 % sont catholiques, les 69 autres pour cent étant pratiquement tous musulmans.