Eglises d'Asie

Jharkhand : un prêtre et son chauffeur sont victimes d’une embuscade tendue par des rebelles maoïstes

Publié le 18/03/2010




Un prêtre catholique, le P. Jean-Baptiste Crasta (1), et son chauffeur, Chandrapal, ont trouvé la mort, le 6 septembre dernier, dans une embuscade tendue par des militants maoïstes, sur la route menant à Ranchi, capitale de l’Etat de Jharkhand. Deux autres passagers de la voiture s’en sont tiré avec de simples blessures, la sœur Anasthasia Ekka et un laïc, Finian Kindo. C’est ce dernier, blessé de trois balles et soigné aujourd’hui à l’hôpital de Ranchi, qui a livré le récit des faits.

Finian Kindo accompagnait le prêtre et la religieuse dans leur voyage qui devait les conduire à Ranchi depuis leur mission de Asnabandh, dans la diocèse de Allahabad. Arrivé à destination, il avait l’intention de solliciter un emploi du gouvernement. La veille, les rebelles maoïstes avaient interdit la circulation des véhicules sur tout le territoire du Jharkhand pour une durée de 72 heures. A mi-chemin, à la maison épiscopale de Daltonganj, les voyageurs se sont arrêtés pour déjeuner. Leurs hôtes leur ont rappelé l’interdiction lancée par les maoïstes et leur ont conseillé de ne pas poursuivre leur route. Le P. Crasta insista pour continuer le voyage et demanda à son chauffeur d’emprunter une route secondaire. C’est là que la voiture a rencontré les rebelles maoïstes qui ont ouvert le feu. Le chauffeur a essayé d’accélérer mais a dû stopper quand les balles ont touché la voiture. Le chauffeur et le prêtre, assis sur la banquette, avant ont été tués sur le coup, atteints à bout portant. Les deux autres passagers, blessés tous les deux, ont simulé la mort. Les rebelles ont alors tiré les corps du prêtre et de son chauf-feur hors de la voiture et les ont traînés dans les buissons sur le bord de la route. Ils ont fait de même pour la religieuse et Kindo, les croyant morts eux aussi. Alors que les rebelles se retiraient, la police est arrivée. Un échange de coups de feu s’en est suivi, au cours duquel deux agents ont perdu la vie.

En fin de compte, alertés par ses cris, les policiers ont découvert Kindo dans les buissons et l’ont trans-porté à l’hôpital. La religieuse dont les blessures étaient légères s’était déjà enfuie dans la forêt où elle a marché pendant des kilomètres avant de rejoindre son couvent à Ranchi au matin du 7 septembre.

Les rebelles maoïstes avaient interdit la circulation automobile pour protester contre la récente con-damnation à mort de cinq de leurs camarades coupables d’avoir tué 17 personnes de haute caste dans le district de Dlatonganj. Mgr Telesphore P. Toppo, archevêque de Ranchi, a qualifié de peu judicieuse la décision du P. Crasta de braver cette interdiction malgré les conseils de ses confrères. Il a ajouté que le prêtre, missionnaire originaire de la région de Mangalore, n’était pas au courant de la situation dans cette partie du pays et, pour cette raison, n’avait pas tenu compte des avis qui lui avaient été donnés.