Eglises d'Asie

L’archevêque de Saigon affirme le droit de propriété du diocèse sur les établissements éducatifs utilisés par le gouvernement depuis 1975

Publié le 18/03/2010




Dans une lettre envoyée aux diverses autorités municipales de Hô Chi Minh-Ville, reproduite par l’agence Vietcatholic News (1), l’archevêque de Hô Chi Minh-Ville vient de réagir avec vigueur aux tentatives des autorités locales d’entreprendre des constructions sur un terrain d’un établissement appartenant à l’Eglise, l’école Binh Phuoc, aujourd’hui appelée Pham Van Chi, située sur la paroisse du même nom, dans le 6ème arrondissement. L’archevêque se fait le porte-parole de l’irritation qui règne dans l’opinion catholique du diocèse et des protestations de ses prêtres au sujet de cette affaire. Plusieurs des déclarations de l’archevêque de Saigon sont sans détours et presque brutales. En particulier, il expose quelle est la position de l’archevêché concernant les établissements éducatifs qui ont été “transférés” à l’Etat en 1975 pour qu’il les utilise : “Depuis 1975 jusqu’à aujourd’hui, ils restent la propriété légale de l’Eglise. En ne respectant pas ce droit de propriété, on commet une injustice”. Par ailleurs, il affirme qu'”il est du devoir de chaque catholique de défendre et protéger les biens d’Eglise”.

Le corps de la lettre permet de connaître un certain nombre de détails sur cette affaire qui dépasse le cas précis de l’école de Binh Phuoc et, en fait, concerne le sort et le statut de tous les établissements d’Eglise qui ont été confisqués par l’Etat, et utilisés par les pouvoirs publics à diverses fins. On y apprend que déjà, dans une lettre datée du 27 juillet et envoyée au pouvoir central de Hanoi, l’archevêque affirmait le droit de propriété de l’Eglise sur l’école de Binh Phuoc ainsi que sur toutes les autres écoles lui appartenant avant 1975. Il demandait donc aux autorités urbaines de venir discuter du problème avec les autorités religieuses, chaque fois qu’elles désiraient réaliser un quelconque projet sur leurs sites. Or, le 23 août dernier, les autorités du 6ème arrondissement ont à grand tapage organisé une fête marquant les débuts de travaux sur le site de l’école. Le jour même le vicaire général du diocèse faisait part de l’indignation de la population catholique au bureau des Affaires religieuses de la ville tandis que les prêtres du diocèse venaient rapporter à leur archevêque la colère des fidèles.

La lettre rappelle dans quelles conditions, en 1975, s’est déroulé la passation des établissements éducatifs. L’ancien archevêque de Hô Chi Minh-Ville, Mgr Nguyên Van Binh s’est contenté de céder au pouvoir révolutionnaire de l’époque le droit d’utilisation des établissements. Il s’agissait donc de remplacer l’ancien système d’enseignement privé avec frais scolaires par un enseignement public entièrement gratuit permettant aux élèves les plus pauvres de venir s’inscrire. Par ailleurs, il était convenu que l’Eglise conservait son droit de propriété. Par l’intermédiaire de propos tenus par ses prêtres qu’il rapporte, l’archevêque de Saigon suggère qu’il n’est pas question de revenir sur cette position traditionnelle du diocèse. Certes, il n’a pas l’intention d’exiger la restitution immédiate à l’Eglise des établissements aujourd’hui entre les mains des pouvoirs publics, sauf dans certains cas où leurs activités gênent les activités religieuses, ou bien se sont détournées de l’objectif primitif. Cependant, ajoute l’archevêque, les prêtres qui lui ont parlé affirment que la grande majorité des catholiques pensent que le temps est venu d’engager des négociations avec l’Etat sur les conditions du retour à l’Eglise des établissements autrefois confiés à l’Etat. N’est-ce pas l’époque du changement dôi moi ( Renouveau’) et de la socialisation, politique par laquelle on demande aux personnes privées de s’engager financièrement et moralement dans la création d’écoles “fondées par le peuple”, c’est-à-dire d’institutions privées (2).

En conclusion, l’archevêque demande aux destinataires de sa lettre d’arrêter les travaux entamés à l’école de Binh Phuoc, d’ouvrir des pourparlers entre l’archevêché et la municipalité afin d’aboutir à un accord concernant la destruction de l’ancienne école et de son remplacement par un établissement neuf.